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UFP : Déclaration : Scandale du BEMOP


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Les dockers de ville continuent de vivre le calvaire d’une répression dont tous les Mauritaniens (partis politiques, société civile, citoyens…) sont les témoins indignés : des dizaines d’arrestations, de nombreux blessés.

Malgré les exhortations de l’opinion publique, le pouvoir affiche une attitude brutale et méprisante et refuse tout dialogue. Et pourtant, par ces temps de misère générale, ces dockers ne demandent pas grand-chose : une augmentation du forfait de 500UM à la tonne pour les aligner sur leurs camarades journaliers du port.

Mais en regardant de ce côté, on découvre un scandale sans nom qui se perpétue depuis belle lurette, couvert par les différents pouvoir qui se sont succédé. Il s’agit du scandale BEMOP (Bureau d’Embauche de la Main-d’œuvre Portuaire) Créé en 1972 suivant les dispositions de la loi n° 64 098 du 09 juin 1964 relative aux associations, cet établissement était géré collectivement par les sociétés de manutention du port pour un emploi plus organisé de la main d’œuvre.

Au fil des ans, le BEMOP s’est transformé petit à petit en véritable officine de négriers modernes, contrôlée exclusivement par le Directeur Général du port et d’un gérant omnipuissant imposé par le pouvoir.

Totalement affranchi de tout contrôle du Conseil d’administration, mis en veilleuse depuis plus de 20 ans, les gérants du BEMOP se font le plaisir de fixer comme bon leur semble les contributions des sociétés privées de manutention du port et surtout d’imposer un prélèvement arbitraire sur la maigre rétribution journalière des dockers occasionnels, leur extorquant 250 UM du forfait de 900UM/T. Tout cela sans l’assentiment des dockers et en dehors de tout texte légal quelconque.

Ces prélèvements institués illégalement rapportaient au BEMOP un pactole considérable qui est passé de quelques milliers dans les années 80 à plusieurs centaines de millions d’ouguiya aujourd’hui. Ainsi, cette exploitation des dockers est passée de 270 195 000 en 2007 à 338 020 000 en 2009, compte tenu du volume débarqué par les dockers.

Le scandale se révèle dans toute sa dimension lorsqu’on s’interroge sur la destination de ce butin faramineux. Jugez- en :

les gérants du BEMOP ne rendent compte à aucune autorité connue ;

les montants prélevés aux dockers occasionnels ne sont pas destinés à couvrir les frais d’administration du BEMOP comme on aurait pu le penser. De tels frais étant pris en charge totalement par les sociétés de manutention de la place ;

ces prélèvements ne constituent pas non plus une contrepartie à des services quelconques rendus aux dockers, qui ne bénéficient ni du droit aux soins médicaux, ni d’aucun autre droit social.

Le pactole du BEMOP est une véritable caisse noire à la destination inconnue, cet établissement - tenez-vous bien - n’ayant ni comptable ni comptabilité ni compte bancaire ! Il s’agit donc bien d’une entreprise mafieuse au grand jour, couverte par les pouvoirs publics à des fins inavouables et qui soumet à une exploitation quasiment esclavagiste les 5000 dockers occasionnels du port.

le seul usage perceptible des ressources du BEMOP est la distribution ponctuelle d’enveloppes pour obtenir le silence ou la complaisance de certains syndicalistes et autres responsables.

Le scandale du BEMOP illustre à lui seul tout le mensonge des slogans du régime actuel, « lutte contre la gabegie », « président des pauvres… » Il est temps de mettre fin à ce scandale. Le pouvoir actuel ne veut ni voir ni entendre. Des dénonciations émanant de certaines centrales syndicales sont restées lettres mortes. Il a visiblement un intérêt très spécial à perpétrer l’exploitation négrière des dockers occasionnels.

Mais la lutte juste et courageuse des dockers doit être aussi l’occasion d’une dénonciation générale de ce scandale. Les partis politiques, les syndicats, les parlementaires, les ONG des Droit de l’Homme, la presse nationale etc., se doivent d’exiger que la lumière soit faite sur cette situation, et une réhabilitation de la condition du docker respectueuse des droits de l’homme et du travail.

Nouakchott, le 24 mai 2010

Département de la Communication.

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