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Le gouvernement mauritanien prépare «activement et fiévreusement» la table ronde des partenaires au développement et bailleurs de fonds, prévue les 22 et 23 juin prochains, à Bruxelles. Un rendez-vous annoncé à deux reprises et toujours renvoyé pour diverses raisons officieuses, sans confirmation officielle.
Un comité interministériel a été constitué pour mettre tous les dossiers en état. Atout de taille, pour la tenue effective de ces assises, jugées déterminantes pour l’investissement et le développement économique et social du pays au cours des cinq prochaines années: Nouakchott bénéficie du soutien de la présidence européenne, assumée, actuellement, par le Royaume d’Espagne.
Ce pays est un allié stratégique de la Mauritanie, dont la «compréhension» a pesé d’un gros poids, au moment de la bourrasque politique et institutionnelle qui suivit le coup d’Etat du 6 août 2008.
Pour les autorités issues de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, les assises de Bruxelles comportent un enjeu de taille et des objectifs répartis dans plusieurs tiroirs. Le premier niveau: sensibiliser la communauté internationale sur la nécessité d’appuyer, durablement, la stabilité politique d’un pays actuellement au carrefour de plusieurs menaces potentielles pour la sécurité régionale et internationale (terrorisme, drogue, immigration clandestine, conflit du Sahara, etc.).
Le deuxième objectif consiste à faire le point sur l’état de mobilisation des ressources promises par les partenaires au développement, à l’occasion de la précédente table ronde des partenaires et bailleurs de fonds, tenue en décembre 2007, à Paris.
Au cours de ces assises, la Mauritanie présentera, également, de nouvelles orientations stratégiques, en matière de développement économique et social, priorités définies dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP). Le quatrième objectif est la mobilisation de ressources additionnelles, pour le financement d’un portefeuille de projets prioritaires dont la maturité permet l’exécution au cours du présent quinquennat. Quels arguments pour convaincre ?
Pour vaincre les réticences et emporter la conviction des partenaires, désireux de ne pas s’engager sur du sable mouvant et, donc, un peu trop prudents vis-à-vis d’un pays théâtre de deux putschs militaires, au cours des cinq dernières années, et traînant une menace terroriste, le gouvernement affirme avoir pris toutes les précautions pratiques utiles.
Il présentera, dans cette optique, un projet de loi relatif à un code des marchés, un Programme d’Investissement Public (PIP) finalisé, en étroite collaboration, avec les départements du FMI, un Code des Investissements, une Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption et un document de synthèse présentant la vision et la stratégie de lutte contre la pauvreté. A ce dernier égard, signalons que le nouveau CSLP est en préparation, le précédent arrivant à expiration en cette année 2010.
Le gouvernement annonce avoir saisi l’opportunité des assemblées générales annuelles de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI), qui se sont déroulées au printemps dernier, pour sonner la mobilisation des partenaires et obtenir leur présence au plus haut niveau, lors de la rencontre de Bruxelles. Le Ministère des Affaires Etrangères assure avoir l’appui, en outre, des pays du Golfe, en particulier de l’Arabie Saoudite.
La Banque Islamique de Développement (BID) a pris un engagement similaire, à l’occasion d’une récente réunion des ministres des Affaires Etrangères de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), tenue, la semaine dernière, à Douchanbé - la capitale du Khirkistan – à l’occasion d’une rencontre entre notre ministre des Affaires Etrangères, Naha Mint Mouknass, et le patron de la banque, Ahmed Mohamed Ali.
La case «bonne gouvernance».
Pour le prochain examen de passage de Bruxelles, l’Union Européenne (UE), premier partenaire économique de la Mauritanie, a désigné la voie royale: «présenter la mise en œuvre des engagements de bonne gouvernance». Soucieux de montrer l’image du bon élève, le gouvernement mauritanien a décidé de se plier à cet exercice. Avait-il, d’ailleurs, le choix?
Toutefois, les autorités de Nouakchott doivent faire preuve d’intelligence et de discernement, pour saisir le gros hiatus entre le slogan, purement électoral et passablement éculé, de la lutte contre la gabegie à géométrie variable, et une réelle pratique de la bonne gouvernance, qui exige un tantinet plus de rigueur.
Une fois cette donnée intégrée, la Mauritanie pourrait passer un bon examen de passage. Reste à souhaiter que, dans l’intervalle, l’affaire ne soit pas, encore, renvoyée au-delà du mois de juin, pour quelque nouvelle contrainte strictement européenne. Les dégâts collatéraux seraient désastreux, pour la Mauritanie qui aurait à subir un examen ultérieur sans le soutien d’une présidence espagnole qui aura, entre temps, passé le relais. Qu’on se le dise: le gouvernement a besoin des prières de tous les saints qui ont peuplé cette terre de Mauritanie, tout au long de son histoire!
Amadou Seck
Le gouvernement mauritanien prépare «activement et fiévreusement» la table ronde des partenaires au développement et bailleurs de fonds, prévue les 22 et 23 juin prochains, à Bruxelles. Un rendez-vous annoncé à deux reprises et toujours renvoyé pour diverses raisons officieuses, sans confirmation officielle.
Un comité interministériel a été constitué pour mettre tous les dossiers en état. Atout de taille, pour la tenue effective de ces assises, jugées déterminantes pour l’investissement et le développement économique et social du pays au cours des cinq prochaines années: Nouakchott bénéficie du soutien de la présidence européenne, assumée, actuellement, par le Royaume d’Espagne.
Ce pays est un allié stratégique de la Mauritanie, dont la «compréhension» a pesé d’un gros poids, au moment de la bourrasque politique et institutionnelle qui suivit le coup d’Etat du 6 août 2008.
Pour les autorités issues de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, les assises de Bruxelles comportent un enjeu de taille et des objectifs répartis dans plusieurs tiroirs. Le premier niveau: sensibiliser la communauté internationale sur la nécessité d’appuyer, durablement, la stabilité politique d’un pays actuellement au carrefour de plusieurs menaces potentielles pour la sécurité régionale et internationale (terrorisme, drogue, immigration clandestine, conflit du Sahara, etc.).
Le deuxième objectif consiste à faire le point sur l’état de mobilisation des ressources promises par les partenaires au développement, à l’occasion de la précédente table ronde des partenaires et bailleurs de fonds, tenue en décembre 2007, à Paris.
Au cours de ces assises, la Mauritanie présentera, également, de nouvelles orientations stratégiques, en matière de développement économique et social, priorités définies dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP). Le quatrième objectif est la mobilisation de ressources additionnelles, pour le financement d’un portefeuille de projets prioritaires dont la maturité permet l’exécution au cours du présent quinquennat. Quels arguments pour convaincre ?
Pour vaincre les réticences et emporter la conviction des partenaires, désireux de ne pas s’engager sur du sable mouvant et, donc, un peu trop prudents vis-à-vis d’un pays théâtre de deux putschs militaires, au cours des cinq dernières années, et traînant une menace terroriste, le gouvernement affirme avoir pris toutes les précautions pratiques utiles.
Il présentera, dans cette optique, un projet de loi relatif à un code des marchés, un Programme d’Investissement Public (PIP) finalisé, en étroite collaboration, avec les départements du FMI, un Code des Investissements, une Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption et un document de synthèse présentant la vision et la stratégie de lutte contre la pauvreté. A ce dernier égard, signalons que le nouveau CSLP est en préparation, le précédent arrivant à expiration en cette année 2010.
Le gouvernement annonce avoir saisi l’opportunité des assemblées générales annuelles de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI), qui se sont déroulées au printemps dernier, pour sonner la mobilisation des partenaires et obtenir leur présence au plus haut niveau, lors de la rencontre de Bruxelles. Le Ministère des Affaires Etrangères assure avoir l’appui, en outre, des pays du Golfe, en particulier de l’Arabie Saoudite.
La Banque Islamique de Développement (BID) a pris un engagement similaire, à l’occasion d’une récente réunion des ministres des Affaires Etrangères de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), tenue, la semaine dernière, à Douchanbé - la capitale du Khirkistan – à l’occasion d’une rencontre entre notre ministre des Affaires Etrangères, Naha Mint Mouknass, et le patron de la banque, Ahmed Mohamed Ali.
La case «bonne gouvernance».
Pour le prochain examen de passage de Bruxelles, l’Union Européenne (UE), premier partenaire économique de la Mauritanie, a désigné la voie royale: «présenter la mise en œuvre des engagements de bonne gouvernance». Soucieux de montrer l’image du bon élève, le gouvernement mauritanien a décidé de se plier à cet exercice. Avait-il, d’ailleurs, le choix?
Toutefois, les autorités de Nouakchott doivent faire preuve d’intelligence et de discernement, pour saisir le gros hiatus entre le slogan, purement électoral et passablement éculé, de la lutte contre la gabegie à géométrie variable, et une réelle pratique de la bonne gouvernance, qui exige un tantinet plus de rigueur.
Une fois cette donnée intégrée, la Mauritanie pourrait passer un bon examen de passage. Reste à souhaiter que, dans l’intervalle, l’affaire ne soit pas, encore, renvoyée au-delà du mois de juin, pour quelque nouvelle contrainte strictement européenne. Les dégâts collatéraux seraient désastreux, pour la Mauritanie qui aurait à subir un examen ultérieur sans le soutien d’une présidence espagnole qui aura, entre temps, passé le relais. Qu’on se le dise: le gouvernement a besoin des prières de tous les saints qui ont peuplé cette terre de Mauritanie, tout au long de son histoire!
Amadou Seck