Des femmes libyennes célèbrent la libération du pays à Tripoli le 23 octobre
2011
La Libye a timidement célébré mardi le premier anniversaire de l'annonce de la "libération totale" du pays du régime de Mouammar Kadhafi mais à Bani Walid, accusée de protéger des fidèles du défunt dictateur, les armes continuent à parler.
Le 23 octobre 2011, trois jours après la capture et la mort de Mouammar Kadhafi,
les autorités de transition avaient proclamé la "libération totale" du pays,
depuis Benghazi (est), deuxième ville du pays et berceau de la révolte en Libye.
Les autorités n'ont prévu aucun programme pour fêter cette journée désormais
fériée en Libye. Mais dès la matinée, des dizaines de voitures décorées du
drapeau national, rouge, vert et noir, circulaient dans les rues de la capitale,
chansons patriotiques ou hymne national à plein volume pour se ressembler en
début de soirée sur la place des martyrs au centre ville, provoquant des
embouteillages monstres.
A Benghazi, des centaines de personnes se sont rassemblées devant l'hôtel
Tibesti pour marquer le premier anniversaire de l'annonce de la libération du
pays mais aussi pour réclamer que Benghazi, longtemps marginalisée sous Mouammar
Kadhafi, devienne la "capitale économique".
La fête a été gâchée par des combats meurtriers à Bani Walid, un des derniers
bastions de Mouammar Kadhafi au cours du conflit de 2011, accusé de toujours
abriter des partisans de l'ex-dirigeant recherchés par la justice. Ces combats
ont fait des dizaines de morts et de blessés durant les derniers jours et
provoqué l'exode de centaines de familles.
Tout en regrettant les victimes des affrontements de Bani Walid, le président de
l'Assemblée nationale Mohamed al-Megaryef a promis une fin "très proche" des
opérations militaires visant à asseoir l'autorité de l'Etat sur cette ville.
Dans un discours diffusé mardi soir par la télévision d'Etat, M. Megaryef a
affirmé que ces opérations ne visaient pas la ville ou sa population "mais des
criminels qui ont tenu la ville et ses habitants en otages", soulignant la
nécessité d'une "réconciliation nationale générale" et l'activation de la
justice transitionnelle.
Mardi, des colonnes de fumée s'élevaient au dessus de la ville de Bani Walid sur
fonds de tirs et d'explosions, a constaté un journaliste de l'AFP qui se
trouvait sur le front nord-ouest de la ville. Selon la même source, des dizaines
de travailleurs étrangers, africains et asiatiques continuaient à fuir la ville
à pieds. L'agence officielle Lana a indiqué que des forces pro-gouvernementales
étaient entrées à Bani Walid et avaient pu libérer 22 personnes qui étaient
détenus dans la ville.
Les rebelles ayant combattu les forces de l'ancien régime estimant que Bani
Walid, une ville de 100.000 habitants située à 185 km au sud-est de Tripoli,
"n'a pas été libérée", avaient appelé à la "purger" des criminels qui y ont
trouvé refuge.
Les autorités ont tenté à plusieurs reprises de calmer ces "révolutionnaires"
mais après la multiplication des incidents, elles ont dû céder aux pressions des
ex-rebelles organisés en milices lourdement armées.
Une offensive sur Bani Walid a été ainsi "légitimée" par une décision des
autorités de transition après la mort d'un ex-rebelle de Misrata enlevé à Bani
Walid.
L'Assemblée nationale avait alors ordonné fin septembre aux ministères de la Défense et de l'Intérieur d'arrêter les coupables de cet enlèvement ainsi que d'autres recherchés par la justice.
Depuis, la ville est assiégée et bombardée par des milices d'ex-rebelles
notamment de Misrata, sous la bannière de l'armée nationale en cours de
formation.
"Depuis la déclaration officielle de la fin des hostilités, la Libye est devenue
un pays en proie à des conflits intercommunautaires", a estimé Claudia Gazzini,
analyste pour la Libye de l'International Crisis Group.
Selon elle, "les autorités centrales ont agi principalement comme des
spectateurs, en confiant la sécurité à des groupes armés (d'ex-rebelles)
largement autonomes qui ne sont +sous l'autorité de l'Etat+ que par le nom",
a-t-elle dit.
De son côté, le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a annoncé mardi
avoir commencé à distribuer de l'aide aux milliers de personnes ayant fui Bani
Walid en raison des combats intenses s'y déroulent, affirmant que ceux qui y
étaient restés couraient toujours des risques.
"Nous sommes très inquiets des retombées de la violence sur l'ensemble de la
population civile se trouvant encore à Bani Walid," a déclaré Ishfaq Muhammad
Khan, qui dirige la délégation de la Croix Rouge en Libye.
Source:http://www.elwatan.com