C'est à peine la rentrée pour les 54 pays du continent et déjà 10 bons élèves se distinguent par leur croissance économique.
Route Tetteh Quashie, Accra, Ghana, 6 janvier 2008,
by George Appiah via Flickr CC
Après avoir évoqué les 10 pires économies d’Afrique, voyons quels pays
«explosent» actuellement le compteur de leur produit intérieur brut (PIB) sur le
continent.
Ce classement présente les 10 pays ayant les plus forts taux de croissance de
leur PIB réel sur ces trois dernières années, en se basant sur les chiffres du
CIA World Factbook.
Il repose également sur les projections établies (PDF) par le Fonds monétaire
international (FMI) pour l'année 2011, ainsi que sur le taux de corruption (PDF)
mesuré par l'organisation Transparency International.
Par ailleurs, l’indice de développement humain (IDH) calculé par les Nations
unies (PDF) ainsi que le PIB par habitant donné par la CIA à partir des chiffres
du FMI et de la Banque mondiale interviennent également dans le classement.
Il ne faut pas s’étonner que l‘Afrique du Sud ne figure pas dans ce classement,
et au contraire ne pas être surpris de voir y apparaître l’Ethiopie, car il
s'agit d'un classement s'appuyant sur une évolution et non sur une position
économique absolue.
Notons par ailleurs que 6 des 10 pays de ce top font partie de la Communauté de
développement d'Afrique australe (SADC) —ce qui en fait la région avec la plus
forte croissance de tout continent.
Par ailleurs, outre une bonne santé économique, ces pays ont en commun une
certaine stabilité politique. Ainsi, l'une ne va définitivement pas sans l'autre
—ce qui avait déjà été remarqué dans le classement des 10 pires économies.
10. MALAWI
Ce petit pays d’Afrique australe est peu connu du grand public. Les rares fois
où il a fait la une, c’était pour évoquer l’adoption d’un enfant malawite par la
star Madonna, en 2006.
Mais il est l’un des rares pays d’Afrique à avoir une croissance stable. 80% de
la population vit de l’agriculture et le pays est autosuffisant pour nourrir ses
15 millions d’habitants —ce qui est loin d’être le cas pour d’autres pays
africains, comme le montre la catastrophe humanitaire qui touche actuellement la
Corne de l’Afrique.
Toutefois, la population reste vulnérable: le PIB par habitant est l’un des plus
faibles au monde. De plus, une forte baisse est enregistrée depuis trois ans
dans le secteur phare, la production de tabac. Or celui-ci comptait pour 60% du
commerce extérieur du Malawi. Bingu Wa Mutharika, économiste et président depuis
2004 a donc affirmé la nécessité de diversifier l’économie.
9. TANZANIE
La croissance économique de la Tanzanie a elle aussi le mérite d’être stable
depuis les années 2000. Elle est comprise entre 6 et 7%.
L’économie repose en grande partie sur l’agriculture. Mais l'équilibre de son
PIB tient notamment à l’activité touristique. Le pays recèle des sites phare,
dont le plus haut mont d’Afrique, le Kilimandjaro. 20.000 touristes tenteraient
son ascension chaque année. Les réserves naturelles attirent également les
amateurs de safaris. Puis, il y a le mythique archipel de Zanzibar, dont le
gouvernement souhaite faire une vitrine de luxe.
D’autre part, le pays est le 4e plus grand producteur d’or d’Afrique. Cependant,
bien que les exportations aient triplées ces cinq dernières années, les revenus
qui en sont issus n’ont pas crû: 70 millions d'euros par an. Ainsi, le
gouvernement a annoncé vouloir augmenter les taxes des compagnies d’extraction
minière.
8. MOZAMBIQUE
L’un des pays d’Afrique avec le plus fort taux de croissance: 7% en 2010. Et les
projections du FMI annoncent 7,5% en 2011.
Depuis la fin de la guerre civile en 1992, le pays connaît un rétablissement
accéléré. Le Mozambique est le second producteur d’aluminium après l’Afrique du
Sud. Le plus gros investissement privé du pays, le site d’extraction d’aluminium
Mozal Smelter (PDF) près de Maputo, la capitale, contribue largement à la
création d'emplois et de revenus depuis 1998.
A côté, une grande partie de la population active est employée dans le secteur
agricole, dans la pêche notamment. Mais malgré cette croissance rapide, 70% de
la population vit encore sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de
70 cents par jour.
7. ÉTHIOPIE
Paradoxalement, plus de trois millions d’Ethiopiens sont actuellement menacés
par la famine, mais le pays figure pourtant dans ce top 10 des meilleures
économies africaines.
Car si la croissance est élevée —entre 8 et 10% sur les trois dernières années—
le revenu par habitant est l’un des plus faibles au monde. Le café est la force
du pays et compte pour plus de 26% de ses exportations de matières premières.
L'activité d'extraction d'or est aussi une source de recettes importante.
Mais dans la mesure où le secteur agricole emploie 85% de la population et
contribue à 45% au PIB, c’est presque tout le pays qui est affecté lorsque les
récoltes sont mauvaises. Et avec une hausse des prix de 30%, la population n’est
plus en mesure de se nourrir.
Enfin, l’Ethiopie est l’un des seuls pays d’Afrique à ne pas disposer d'un
secteur économique privé.
6. ZAMBIE
La Zambie est dépendante de sa production de cuivre, ce qui la rend vulnérable
aux fluctuations du prix des matières premières. D’autre part, bien qu’ayant une
forte croissance économique, 63% de la population vit dans une extrême pauvreté.
Car depuis la privatisation de ce secteur minier dans les années 90, ce sont
surtout les entreprises étrangères qui se sont enrichies. D’ailleurs «les taux
de royalties que doivent verser les entreprises à l’Etat zambien sont par
exemple fixés à 3%, bien loin de ceux pratiqués (5 à 10%) dans les autres pays
en voie de développement», écrivait le journaliste béninois Alain Vicky en
avril.
Comme pour tous les pays de ce classement, une répartition des richesses à tous
les secteurs permettrait que cette bonne santé économique théorique profite à
toute la population.
5. NIGERIA
Le «géant de l’Afrique» ne doit pas son surnom à sa seule population (155
millions d’habitants, pays le plus peuplé d'Afrique).
En effet, sa croissance économique est portée par l’activité de la région
pétrolifère, au sud du pays. Le Nigeria fait partie de l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole (Opep).
Seulement, la corruption qui gangrène le pays fait que cette richesse est
davantage considérée comme un fléau qu'une aubaine. Car si 80% des revenus du
pétrole reviennent à l’Etat fédéral, seul 1% profite à la population, indique la
Banque mondiale. En outre, la déstabilisation politique par la secte islamiste
Boko Haram fait craindre un avenir économique plus sombre.
Pour l'instant, la croissance du pays est indiscutable. Le Nigeria pourrait même
prendre la place de l’Afrique du Sud, première économie d’Afrique subsaharienne
des 15 prochaines années, estime le journal canadien The Globe and Mail.
4. ZIMBABWE
La forte croissance économique du Zimbabwe suit une décennie de chute libre. Car
entre 1998 et 2002, son engagement dans la deuxième guerre du Congo a fait
s’effondrer l’économie. Puis, entre 2004 et 2009, l’hyperinflation était telle
que le pays a suspendu l’usage de sa monnaie, le dollar zimbabwéen, au profit
des devises étrangères comme le dollar américain, le rand sud-africain ou
l’euro.
Cette mesure a été une planche de salut. Car depuis 2009, la croissance
économique monte en flèche, notamment grâce au retour à un climat favorable aux
affaires avec l’instauration d’un gouvernement d’union nationale entre Morgan
Tsvangirai et Robert Mugabe, au pouvoir depuis 24 ans.
En juillet 2011, le gouvernement a présenté un plan sur quatre ans qui vise une
croissance annuelle de 7%. Il compte sur les investisseurs étrangers pour
redresser les entreprises publiques. C'est une nouvelle étonnante, dans la
mesure où Robert Mugabe a toujours montré une hostilité féroce envers le rôle
économique des blancs du Zimbabwe.
Le pays garde toutefois le triste record de l'IDH le plus faible au monde.
3. BOTSWANA
Depuis son indépendance en 1966, le pays a maintenu une croissance économique
élevée, et ce malgré un coup dur lors de la crise économique de 2008, répercutée
en 2009 avec un PIB réel de -3,7%.
L’activité d’extraction de diamants compte pour beaucoup et fait la richesse de
la compagnie De Beers, dont l'Etat boswanais est actionnaire à hauteur de 15%.
Le pays est le second producteur au monde après l’Afrique du Sud.
Mais c'est l’agriculture qui demeure la source de revenu principal des
Bostwanais. L’élevage de viande bovine occupe également une grande place.
Pourtant, ce secteur devrait subir un coup dur en 2011 en raison de la
suspension provisoire des exportations de viandes vers l’Union européenne pour
non-conformité aux normes d’hygiène.
Autre menace: le taux de prévalence du sida, le 2e plus élevé au monde.
Toutefois, le Bostwana a le mérite d’être le pays le moins corrompu du continent
et une des rares démocraties d'Afrique.
2. RÉPUBLIQUE DU CONGO
L’économie du Congo-Brazzaville repose essentiellement sur les revenus du
pétrole, qui représente 90% des exportations et 85% des revenus. C'est autant
une force qu’une faiblesse, selon le président Denis Sassou N’Guesso lui-même,
qui a affirmé au mois d'août vouloir diversifier l’économie.
«La prudence nous recommande de ne pas continuer à mettre tous nos œufs dans le
même panier de pétrole. Il est vital que nous diversifions notre économie en
développant rapidement les autres secteurs», a-t-il déclaré.
L’exportation de bois pourrait, par exemple, jouer un rôle plus important. Par
ailleurs, le Congo est l'un des seuls pays de ce classement à avoir un indice de
développement humain moyen. Ce qui montre un certain engagement de l'Etat dans
le développement de secteurs tels que la santé ou l'éducation.
1. GHANA
Le Ghana est incontestablement le champion actuel de la croissance en Afrique.
Ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, bordé par des pays francophones,
devrait selon les projections du FMI atteindre les +13,7% de croissance en 2011.
L'un des plus fortes progressions économiques d’Afrique, mais aussi du monde.
Le secteur agricole constitue un tiers du PIB et emploie la moitié de la
population active. Son produit phare est le cacao. En outre, le sous-sol du
Ghana est riche en or et en pétrole. Les revenus attendus de la nouvelle
activité d’extraction de pétrole offshore (depuis décembre 2010, sur la
plate-forme Jubilee) expliquent cet essor de la croissance, qui a triplé depuis
2009.
Par ailleurs, le pays connaît actuellement son taux d’inflation le plus bas
depuis 1992 et tout comme le Bostwana, il fait partie des rares démocratie
d'Afrique avec à sa tête John Atta Mills, président depuis 2009.
Agnès Ratsimiala
Source: Slateafrique