Le gouvernement ougandais a confirmé jeudi avoir exterminé plus de 1,8 million de Quelea Quelea, petits oiseaux à bec rouge, pour protéger des rizières dans l'est du pays, une décision décriée par des défenseurs de l'environnement.
Le ministère ougandais de l'Agriculture et l'organisme sous-régional qui
surveille les criquets pèlerins en Afrique de l'Est (la Desert Locust Control
Organisation for Eastern Africa) "ont mené une opération aérienne" au dessus des
rizières de Kibimba, dans le district de Bugiri, a expliqué à l'AFP un haut
responsable du ministère, Stephen Byantwale.
"L'exercice s'est terminé avec succès mardi et nous avons réussi à éliminer
quelque 1,8 million de Quelea qui avaient largement endommagé les rizières,"
a-t-il poursuivi, estimant que jusqu'à 1,5 tonne de riz avait été perdue par
jour.
Selon l'organisme de surveillance des criquets pèlerins, qui assimile le Quelea
à un "criquet à plume", une volée de deux millions de ces oiseaux granivores
peut ingurger jusqu'à 20 tonnes de céréales par jour.
Les Quelea Quelea, ou Travailleurs à bec rouge, ont aussi fait dans le passé des
ravages sur des cultures de pays d'Afrique de l'Ouest. En mai, ils avaient déjà
abîmé des récoltes dans un autre district de l'est ougandais, le Kween, mais
dans une moindre mesure qu'à Bugiri.
Selon le responsable ougandais, l'opération menée recemment n'a pas eradiqué le
Quelea Quelea d'Ouganda. Mais elle a tout de même déclenché la colère de
défenseurs de l'environnement et des oiseaux.
Pour le directeur exécutif de l'ONG locale Nature Uganda, Achilles Byaruhanga,
il s'agit d'un acte "irresponsable".
"Les produits chimiques utilisés pour tuer les oiseaux vont se retrouver dans
les nappes phréatiques et provoquer un désastre écologique," a-t-il ajouté.
"D'autres oiseaux ou animaux qui n'étaient pas visés ont potentiellement été
tués," a-t-il poursuivi, estimant que le gouvernement aurait dû réfléchir à des
alternatives.
Selon lui, l'opération pourrait aussi avoir des retombées économiques négatives,
car l'Ouganda tire tous les ans 800 millions de dollars (environ 600 millions
d'euros) du tourisme, dont le quart du tourisme ornithologique.
Dans une interview aux médias locaux, un reponsable de la communication du
ministère du Tourisme, Akankwasah Barirega, s'est aussi inquiété de ce que
d'autres espèces, comme des abeilles, aient pu souffrir de l'opération, et a
regretté le manque de consultation sur le sujet.
Source:AFP