Chaque mois, quelque 100 millions d'utilisateurs se connectent à Facebook, selon les derniers chiffres publiés par la firme lundi. Et si le continent est encore loin derrière l'Asie, l'Europe et l'Amérique du Nord, il est porteur d'avenir en ce qui concerne la technologie mobile, qui représentent plus de 80% des connexions mensuelles.
L'Afrique pourrait être le prochain eldorado pour
le recueil de données personnelles.
Depuis juin 2014, plus de 100 millions d’Africains se connectent sur Facebook
chaque mois, dont 80% sur le mobile. De quoi s'enorgueillir pour le réseau
social américain qui, depuis quelques temps, voit avec inquiétude les
adolescents américains lui signifier leur désamour. Et, signe positif pour
l'avenir : la croissance de Facebook sur le continent se fait en grande partie
grâce à la technologie mobile, qui représente 80% des connexions.
Nicola Mendelsohn, vice-président de Facebook pour la zone Europe, Moyen-Orient
et Afrique estime ainsi que "dans des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria,
la Turquie, et ailleurs, les appareils mobiles sont de plus en plus la façon
dont les gens trouvent de nouvelles informations, et partagent leurs expériences
nouvelles avec le monde".
"En Afrique, nous assistons à une croissance explosive et un élan formidable à
travers la région. Dans le même temps, lorsque vous regardez le coût énorme de
la connectivité dans de nombreux pays, les services mobiles se doivent de
fournir une utilité maximale sur la plus large gamme de terminaux et de
consommer la plus petite quantité de données, ce qui est exactement ce que
Facebook offre", explique quant à lui Rob Norman, directeur numérique de Global
Group M, partenaire du réseau social américain.
Une mission civilisatrice ?
D'après des données de Informa Telecoms and Media, que Jeune Afrique
publiait en février dernier alors que Facebook fêtait son dixième anniversaire,
il y aurait déjà près de 800 millions d'abonnements mobile du fait de
l'utilisation massive de la double carte SIM. Et ce chiffre pourrait bien
dépasser le milliard avant la fin de 2015. Un continent jeune et accro à la
technologie mobile. Chez certains stratèges de la Silicon Valley, on appelle ça
un eldorado.
Début août, Facebook est ainsi passé à l’offensive, déclarant que les abonnés
zambiens de l’opérateur mobile Airtel allait pouvoir se connecter gratuitement
au réseau social via une application dédiée sur Android. Le Zambien ainsi équipé
pourra ainsi accéder, avec n’importe quel forfait, à Facebook, mais aussi à
Facebook Messenger, Wikipedia, Google Search ou encore AccuWeather, une
application météo.
Facebook, bon samaritain ? Peut-être. C'est ce qu'essaie en tout cas de faire
croire Mark Zuckerberg et ses associés qui, faute de parler d'investissement,
préfère se voir en chevaliers de la civilisation numérique. Mais, au-delà des
apparences, le réseau social ne manquera pas de tirer profit des "territoires
conquis". Car, si l'accès à Facebook peut-être gratuit, les données recueillies
par le réseau social sur les utilisateurs, elles, ne le sont nullement.
Pour les sites dont la majorité des revenus provient de la publicité, et c'est
le cas de Facebook, tout l’enjeu consiste en effet à "monétiser" leurs audiences
auprès des annonceurs. "Une liste de contacts dont on connaît seulement l’âge,
le sexe ou la profession coûte 0,36 euro les mille", expliquait ainsi Jérôme
Colin, expert télécoms chez Roland Berger, dans le magazine économique français
Capital, en septembre. "Savoir en outre qu’ils viennent, par exemple, d’acheter
un appartement fait grimper la facture à 62 euros les mille", détaillait-il.
Pour Facebook, si l'avenir est entre autres en Afrique, il est surtout dans le
"big data".
Par Mathieu OLIVIER