Le chiffre a été communiqué par le ministère des Eaux et Forêts ce week-end. En 1960, la Côte d'Ivoire était recouverte de 16 millions d'hectares de forêts. 50 ans plus tard, il n'en resterait plus que 2 millions. Le phénomène a de graves conséquences pour le pays.
Les forêts classés sont prises d'assaut pour leur bois précieux d'abord, mais
aussi pour la qualité de leur sol propice à la culture du cacao, et parfois
riche en minerais. Un désastre écologique visible facilement, le long de la
route qui mène d'Abidjan à San Pedro par exemple : d'immenses troncs d'arbres
calcinés, cernés par les champs. Plusieurs dizaines de milliers de planteurs se
sont installés dans ces forêts, et même dans les parcs nationaux. Avec les
années, ce sont des villes qui se sont développées avec leurs écoles et leurs
dispensaires...
Georges Yao Koffi connaît bien le problème : il dénonce la complicité des
autorités depuis 2004 - ce qui lui a valu d'être licencié de la Sodefor,
l'organisme ivoirien en charge de la gestion des forêts. Il vient de publier un
livre aux éditions l'Harmattan.
« Tout est parsemé de campements et de gros villages dans les forêts classées,
au vu et au su des autorités. Parce qu'il y a même des autorités qui ont champ
dans les forêts classées. Il faut déguerpir automatiquement, et financer le
reboisement intensif. C'est plus que jamais une urgence.»
Le nouveau code forestier voté en 2014 prévoit d'être plus coercitif. Le
gouvernement a promis d'organiser des déguerpissements : l'année dernière déjà
la forêt de Niegré dans le sud-ouest a été évacuée de ses quelque 10 000
occupants, mais les humanitaires ont dénoncé des conditions brutales de
l'opération.