Afrique


Libye : ces morts que l'OTAN ne veut pas voir, par Sarah Halifa-Legrand


IRIB Sept mois de bombardements aériens, 26.323 sorties, 9.658 raids de bombardement, 7.700 bombes et missiles tirés sur la Libye, et aucune victime civile ? Le Secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, l'affirmait, encore, en novembre : "Nous avons mené cette opération, avec beaucoup de précaution, sans qu'il y ait de cas confirmés de victimes civiles". Face à la propagande de Mouammar Kadhafi, qui l'accusait, grossièrement, d'avoir tué des centaines de civils, alors qu'elle intervenait, justement, pour les protéger, l'OTAN a fait valoir que sa guerre était "une guerre propre". Jusqu'à ce qu'une enquête du "New York Times", publiée, le 17 décembre, la force à admettre, du bout des lèvres, que "les informations rassemblées semblent indiquer que des civils innocents ont été tués ou blessés". Après des semaines d'investigation, le quotidien américain dénombre "au moins, 40 et, peut-être, plus de 70 civils, tués, par l'OTAN, dont, au moins, 29 femmes et enfants". Des victimes qui, la plupart du temps, ont perdu la vie, dans leur maison, pendant leur sommeil, comme le raconte un père de famille, qui a perdu sa femme et deux de ses enfants, dans le reportage vidéo (en anglais), qui accompagne l'article. C'est aussi le cas de M. Gharari, retraité, qui a vu périr plusieurs membres de sa famille, dans un bombardement, en juin. L'OTAN avait, alors, reconnu une bavure, avant de se rétracter. M. Gharari attend toujours qu'elle admette, une bonne fois pour toutes, avoir commis une erreur. D'autant que, depuis, la rumeur court, dans son quartier, que si l'OTAN a frappé, c'est parce que sa famille est pro-Kadhafi… Des bavures documentées Le bilan de ces "erreurs" pourrait être bien plus élevé, estime le "New York Times", ses journalistes n'ayant pu se rendre, sur tous les sites bombardés. Ils en ont étudié plus de 25, à Tripoli, Surman, Mizdah, Zlitan, Ga’a, Majer, Ajdabiya, Misrata, Surt, Brega et Sabratha et près de Benghazi. Dans un dossier interactif, 13 dommages collatéraux sont détaillés : un bureau de poste, un hôpital, des maisons, une colonne de chars des forces libyennes, dont les insurgés s'étaient emparés... Des documents précieux, pour essayer de comprendre ce qui a pu se passer. Refus d'enquêter A partir des éléments qui ont été recueillis, le quotidien avance des hypothèses. Ces erreurs meurtrières sont-elles dues à une bombe défectueuse ? A des renseignements défaillants ou datés ? A des militaires peu expérimentés ? Ou parce qu'il est arrivé que des cibles soient frappées, à deux reprises, dans un court intervalle, faisant, ainsi, des victimes, parmi les civils, venus secourir les blessés de la première frappe ? Autant de questions sans réponses. Car, en dépit de ces bavures documentées, l'Alliance atlantique n'entend pas, pour autant, battre sa coulpe : elle renvoie la responsabilité d'ouvrir une enquête aux nouvelles autorités libyennes, qui doivent leur survie, en grande partie, aux frappes de l'OTAN… Impunité Une investigation, sur les erreurs d'aujourd'hui, aurait, pourtant, permis d'éviter de les reproduire demain. "L'OTAN se comporte, en Libye, comme elle a agi, au début, en Afghanistan", déplore le "New York Times". Ce n'est qu'après s'être mis la population à dos, pour avoir refusé de reconnaître, voire, ignoré des bavures, à répétition, que l'Alliance s'était, enfin, décidée à ouvrir des enquêtes et revoir ses pratiques, pour limiter les dégâts, sur les civils. N'a-t-elle, donc, pas tiré les leçons de l'Afghanistan ? Pour Fred Abrahams, de l'ONG "Human Rights Watch", "l'atmosphère d'impunité" qui prévaut, en Libye, semble indiquer le contraire. Par Sarah Halifa-Legrand

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