discussions sur leur projet de fusion.
Le leader du groupe armé islamiste Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, et le secrétaire général de la rébellion touareg du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), Bilal Ag Achérif, ont poursuivi samedi leurs discussions entamées sur leur projet de fusion, à Gao (nord-est du Mali), après une brève suspension de leur entretien. En fait, Ansar Dine, allié à Al-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi, jihadiste), et le MNLA avaient surpris en signant la semaine dernière un « protocole d’accord » sur leur fusion au sein d’un « Conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad ». Cette entente avait été rejetée par le gouvernement malien, l’Afrique de l’Ouest et l’Union Africaine (UA), alors que les islamistes confortent leur domination sur l’immense nord malien qu’ils contrôlent depuis deux mois, avec le MNLA et d’autres groupes armés. Mais après la signature de l’accord, des divergences avaient très vite surgi. Le protocole relatif à cette fusion a évoqué des désaccords sur l’application de la charia (loi islamique) que prône Ansar Dine dans tout le Mali, alors que le MNLA se proclame laïc et défend la création d’un Etat dans les limites de la région naturelle de l’Azawad, s’étendant du nord-est au nord-ouest du Mali. Un bref communiqué du MNLA dénonçant ce protocole a été diffusé vendredi. « Le bureau politique du MNLA, devant l’intransigeance d’Ansar Dine sur l’application de la charia dans l’Azawad, et pour être fidèle à sa ligne de conduite résolument laïque, dénonce l’accord en date du 26 mai 2012 avec cette organisation et en déclare nulles et non avenues toutes dispositions y afférentes », déclare Hamma Ag Mahmoud. Ainsi avec ses déclarations, des doutes ont été jetés sur l’abandon de ce projet. En outre, un proche du secrétaire général de la rébellion touareg a indiqué que Bilal Ag Chérif a reçu ces derniers jours des messages de membres du mouvement résidant à l’étranger, hostiles à la fusion avec Ansar Dine, mais que lui-même n’avait pas encore pris de position sur le dossier. « Il attend la fin de ses entretiens avec Iyad Ag Ghaly pour le faire », a précisé cette source. Plus tôt, l’entourage d’Iyad Ag Ghaly avait confirmé l’impasse avec le MNLA, sans toutefois exclure des retrouvailles. Pour Ansar Dine, Walil Ag Chérif a souligné une divergence d’opinions sur le sujet entre les responsables du MNLA au Mali, et ceux qui sont basés en Mauritanie ou en France. « Il n’est pas question de revenir en arrière sur la charia, mais si le MNLA le veut, il vient (avec Ansar Dine) », dit-il. Par ailleurs, le porte-parole du (MNLA) basé à Paris, Mossa Ag Attaher, a affirmé que le mouvement touareg avait accepté le mot d’Etat islamique, « mais il devait être écrit que nous pratiquons un islam modéré et tolérant, et la charia ne devait être mentionnée nulle part », a-t-il insisté. Et d’ajouter : « Nous ne sommes pas prêts à nous retrouver enfermés dans la charia du jour au lendemain ». Pour un Mauritanien spécialiste du dossier, la décision du bureau politique de la rébellion touareg reflète surtout la position des gens du MNLA qui sont à l’extérieur, pas (de) ceux qui sont sur place et qui sont suivis par la majorité. « La décision ne peut signifier qu’une scission du MNLA après les protestations de la communauté internationale », a-t-il estimé. Menace de déstabiliser la zone Pour sa part, le chef de l’Etat béninois et président en exercice de l’UA, Thomas Yayi Boni, a rappelé que la crise au Mali menace de déstabiliser toute la zone. Il a plaidé pour une saisine du Conseil de sécurité de l’Onu en vue de la création d’une force militaire africaine d’intervention au Mali. « Le dialogue ne doit pas trop durer », a-t-il averti. Puissants et bien armés, les rebelles touaregs ont profité du coup d’Etat militaire du 22 mars et le chaos politique régnant à Bamako pour annoncer leur contrôle complet du nord du Mali. Ainsi, le Mali, vaste pays enclavé d’Afrique de l’Ouest, doit faire face à une rébellion touareg meurtrière depuis mi-janvier, qui a provoqué le déplacement de 206 000 personnes au Mali et dans les pays voisins, selon l’Onu. Mais cette mission reste difficile à appliquer, notamment dans un pays qui passe par une période transitoire trop compliquée.
Source: http://hebdo.ahram.org.eg
Re: L’application de la charia divise