Phénomène sans cesse croissant, la piraterie maritime dans le golfe de Guinée, à l'instar d'autres parties du monde et même du continent telles que le golfe d'Aden, est le fait de groupe armés organisés, pour la plupart originaires du Nigeria, de l' avis des analystes.
"C' est le cas du MEND (Mouvement for the Emancipationof Niger Delta), du NDDS (Niger Delta Defence and Security Council), des BFF (Bakassi Freedom Fighters)...", a indiqué le politologue camerounais Joseph Vincent Ntuda Ebodé, ajoutant que le MEND est un "mouvement militant nigérian qui lutte contre l'exploitation et l'oppression des peuples du delta du Niger". A peine créé, le MEND s'était illustré en décembre 2005 par le bombardement du pipeline de l'entreprise Shell dans l'Etat du Delta, dans le Sud du Nigeria, et la prise d'otage un mois plus tard de quatre employés de l'exploitant Liberty Service.
Munis d'armes à feu, les pirates opèrent à l'aide de techniques dont la plus répandue est l'abordage. Un assaut donné d'un navire à un autre, cette opération permet aux assaillants de prendre le contrôle du bâtiment afin de le piller ou de capturer des otages, explique le Pr. Ntuda Ebodé, enseignant à l'université de Yaoundé II et à l' Université Omar Bongo à Libreville au Gabon.
Ces attaques, décrit-il, sont toujours perpétrées en groupes constitués et hiérarchisés. Les pirates exécutent leurs opérations avec minutie, laissant ainsi comprendre qu' ils les ont bien préparées. Ils sont armés de guerre (AK47) et d' armes blanches. Tous ceux qu' on a réussi à arrêter se réclament pour la plupart des BFF,mais il reste possible qu' il en existe dont le seul but est se faire de l'argent par la piraterie.
Selon lui, le mode opératoire est presque toujours le même. Répartis dans deux ou trois embarcations rapides, généralement des flying boats de type Yamaha équipés de deux moteurs de 75 CV, ils approchent discrètement, puis ouvrent le feu en direction de la passerelle, précise encore le politologue.
Face à l'attaque, les membres d'équipage prennent peur et se cachent. Un groupe des assaillants monte alors rapidement à bord à l' aide de grappins pendant qu'un autre reste en veille dans les embarcations. Ceux qui sont sur le navire tiennent l'équipage en respect, détériorent tous les moyens de communication à l'aide de leurs armes, dépouillent l'équipage, réclament de l'argent au capitaine en exigeant l'ouverture du coffre, pillent les matériels et repartent avec ou sans otages.
En octobre 2009 à Kinshasa en République démocratique du Congo (RDC), un sommet des chefs d'Etat de la Communauté économique de l'Afrique centrale (CEEAC) a adopté une "Stratégie de sécurisation des intérêts vitaux en mer des Etats du golfe de Guinée". De même, un protocole prévoyant, entre autres, la création d'un Centre de coordination pour la sécurité maritime en Afrique centrale (CRESMAC) prévu à Pointe-Noire au Congo a été signé.
Réunis dans une des trois zones de surveillance maritime créées par cette organisation régionale, le Cameroun, le Gabon et la Guinée équatoriale ont signé en mai 2009 à Yaoundé un accord technique suivi du lancement symbolique des patrouilles conjointes.
Les autorités camerounaises insistent sur l'urgence de l'organisation, avec l'appui des partenaires internationaux, d'une conférence sous-régionale sur la piraterie maritime en Afrique centrale et, surtout, la mobilisation des moyens nécessaires pour atteindre cet objectif de sécurité collective et de protection des intérêts économiques des Etats de la sous-région.
french.news.cn/afrique
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