Les électeurs ivoiriens sont sortis massivement pour élire dimanche leur président de la République dans le calme et sans incidents majeurs, après huit ans de crise militaro-politique.
Tôt le matin, les Ivoiriens ont pris d'assaut les lieux de vote où le scrutin n'a pas commencé partout à 7H00 (locale et GMT) comme officiellement annoncé par la Commission électorale indépendante (CEI).
Dans de nombreux bureaux de vote, les opérations ont commencé avec une trentaine de minutes de retard.
Jusqu'à la mi-journée, de longues files d'attente étaient perceptibles dans les lieux de vote d'Abidjan mais les électeurs ne manifestaient ni impatience ni mauvaise humeur.
Quelque 5,7 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour choisir entre 14 candidats dont l'ex président Henri Konan Bédié, l'ex Premier ministre Alassane Ouattara et le président sortant Laurent Gbagbo.
Dans le centre du lycée Sainte Marie, dans le quartier huppé de Cocody, où il a voté en compagnie de son épouse peu avant 10 h, Henri Konan Bédié s'est dit "soulagé après tant d'années passées sans élections".
"Je viens d'accomplir mon devoir, je suis un homme serein", a-t- il ajouté appelant ses partisans à aller voter "massivement" jusqu'à la fermeture des bureaux de vote à 17H00.
Une heure après, dans le même centre, c'était le tour du couple Ouattara de déposer leur bulletin dans l'urne.
Alassane Ouattara s'est félicité de ce que "partout dans le pays les choses se passent bien, dans la paix" et qu'enfin les Ivoiriens puisent avoir "le changement" qu'ils attendent.
Selon le point fait à la mi-journée par un haut responsable de la police nationale joint au téléphone, aucun incident majeur n'a été signalé à part la mise à la disposition de la police d'un délégué de la CEI qui avait gardé par devers lui, dans le quartier populaire de Yopougon, des stickers devant servir à authentifier les bulletins de vote.
"Les choses se déroulent dans des conditions parfaites", a également indiqué le commandant de la force des Nations Unies, le général Abdul Hafiz, "satisfait" de la situation sécuritaire.
Dans les lieux de vote, les forces de l'ordre étaient très discrètes mais à l'extérieur, aux principaux carrefours d'Abidjan, des chars de l'ONU étaient disposés ainsi que des éléments des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes.
Des patrouilles mobiles sillonnaient Ă©galement les rues d'Abidjan.
Dans une école primaire du quartier de la Riviera où il a voté vers 13H00, le président Laurent Gbagbo a déclaré qu'avec ce scrutin, la Côte d'Ivoire "va sortir de la crise".
"On va donner la légitimité à quelqu'un qui pourra faire la paix totale dans le pays", a-t-il poursuivi avant d'appeler ses adversaires à "respecter la loi".
"Il ne faut pas que les candidats se donnent en spectacle en proclamant chacun ses résultats. C'est la CEI qui est seule habilitée à proclamer les résultats provisoires", a-t-in insisté.
La CEI s'est engagée, conformément à la loi, à proclamer les résultats provisoires en 72 heures, "au plus tard mercredi".
Pour assurer la crédibilité de l'élection qui doit être certifiée par l'ONU des centaines d'observateurs nationaux et internationaux sont présents dans les bureaux et lieux de vote.
De même, la CEI a décidé de combiner le comptage manuel des voix dans les bureaux de vote avec une transmission électronique des résultats pour la centralisation au siège de la CEI à Abidjan, sous la surveillance d'un comité d'experts mis en place par le Premier ministre Guillaume Soro.
M. Soro avait également indiqué que les procès-verbaux des votes sont édités en 22 exemplaires et adressées à toutes les parties prenantes dans le processus électoral.
"Cette élection ne peut pas échapper à la transparence, tous les ingrédients de la transparence sont réunis", avait-il martelé vendredi lors d'une conférence de presse.
L'élection présidentielle qui met aux prises, pour la première fois, les trois leaders de la politique ivoirienne est censée mettre fin à la crise ouverte en septembre 2002 avec le putsch manqué des Forces nouvelles (ex rébellion) contre le régime de Laurent Gbagbo.
Le pays était littéralement coupé en deux, le nord sous contrôle des Forces nouvelles et le sud aux mains du gouvernement.
Les deux parties ont signé en mars 2007 un accord de paix à Ouagadougou qui a relancé le processus de réunification du pays entamé par l'accord de Linas-Marcoussis (France, janvier 2003).
french.news.cn/afrique
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