Zimbabwe : Mugabe met en avant l'économie lors de la séance du nouveau Parlement
le 18/09/2013 11:17:32
Zimbabwe

Le président zimbabwéen Robert Mugabe a prononcé un long discours mardi pour l'ouverture de session du nouveau Parlement dominé par le parti au pouvoir, mais avec un message simple : ressusciter l'économie.

M. Mugabe, réélu à une majorité écrasante à la fonction suprême en juillet, a déclaré que son gouvernement aurait pour priorité des politiques "durables et en faveur des pauvres" pour redynamiser les secteurs essentiels de l'agriculture, des mines, du tourisme et de l'industrie.

Puisque les financements sont essentiels pour relever les défis économiques, le Parlement commencera immédiatement à débattre d'un nouvel amendement de la loi bancaire, d'une loi sur les partenariats public-privé, et d'une loi sur les fonds souverains pour développer les instruments de financement.

L'économie zimbabwéenne, qui avait enregistré un taux de croissance remarquable supérieur à 8% de 2010 à 2011, a vu cette dynamique refluer depuis et la prévision de croissance pour 2013 n'est plus que de 3,4%.

Le taux d'utilisation des capacités du pays se maintient aux alentours de 45%, après avoir atteint un niveau de 60 % en 2010, ce recul étant dû à des contraintes de liquidité importantes.

Le huitième Parlement du Zimbabwe, réunissant 270 députés de l' Assemblée nationale et 80 membres du Sénat, a ouvert officiellement sa séance mardi.

Le Zanu-PF, parti au pouvoir que représente M. Mugabe, a remporté 197 sièges au sein de la chambre basse, soit une majorité confortable des deux tiers qui lui donne l'assurance de pouvoir prendre des décisions importantes comme par exemple amender la Constitution.

Les députés du parti d'opposition MDC-T, dirigés par l'ex- Premier ministre Morgan Tsvangirai, ont boycotté mardi l'ouverture de session officielle, pour protester contre la "victoire frauduleuse" du parti au pouvoir lors des élections, selon les responsables du MDC-T.

M. Tsvangirai, dont c'était la troisième tentative ratée en plus de dix ans pour détrôner M. Mugabe, a qualifié le processus électoral de "farce", et refusé d'accepter la défaite malgré les appels en ce sens des dirigeants de pays africains voisins.

Les députés d'opposition, qui représentent 91 sièges sur le total de 350 du Parlement, ont cependant promis de participer aux sessions parlementaires après ce boycott de l'ouverture.

Dans son discours, M. Mugabe a déclaré que le secteur minier devrait jouer un plus grand rôle de catalyseur pour l'économie du pays.

Le Zimbabwe détient les deuxièmes plus importants gisements de platine et de chrome au monde, après l'Afrique du Sud, ainsi que des gisements de charbon, d'or, de diamant et de minerai de fer. Les produits miniers du pays représentent environ 60 % de ses recettes d'exportation.

Une nouvelle politique minière doit être discutée lors de la première session du Parlement.

La nouvelle politique aura pour but de soutenir le développement minier et de maximiser les bénéfices que le pays tire de ses ressources minières riches et variées. Entre autres, la nouvelle politique minière envisage de vendre aux enchères les gisements miniers, de restreindre la production de matières premières jugées stratégiques, et de faire passer par l'État la vente des produits de toutes les mines.

Jusqu'à présent, la plupart des exploitants miniers sont libres de commercialiser leurs produits miniers comme ils l'entendent.

M. Mugabe a également affirmé que le gouvernement poursuivra sa politique d'indigénisation et d'autonomisation économique avec " une vigueur renouvelée".

En vertu de la politique, les entreprises à capitaux étrangers sont obligées de céder la majorité des actions à la population locale.

"C'est pour nous assurer que nos citoyens deviennent parties prenantes importantes et non de simples spectateurs dans le fonctionnement de l'économie nationale", a déclaré M. Mugabe.

Il a confirmé qu'un fonds mis en place pour financer l'indigénisation et l'autonomisation des projets serait capitalisé dans le but de donner un nouvel élan au processus de mise en oeuvre.

UN PLUS GRAND ROLE POUR LA CHINE

M. Mugabe a également déclaré que la Chine jouera un rôle plus important dans le domaine de l'eau et du développement des infrastructures énergétiques au Zimbabwe dans les années à venir.

Les entreprises Sino Hydro et China Machinery and Equipment Company ont récemment gagné les offres pour élargir les centrales électriques de Kariba et d'Hwange, chacune devrait ajouter 900 mégawatts supplémentaires au réseau électrique national.

Les équipements dans les deux centrales sont obsolètes, entraînant des pannes de fonctionnement fréquentes. Le Zimbabwe est confronté à des pénuries d'électricité vivaces qu'elle atténue à travers les importations du Mozambique voisin.

M. Mugabe a également révélé que la Chine va bientôt commencer à décaisser un prêt de 144 millions de dollars au Zimbabwe pour la mise à niveau de l'infrastructure d'eau et d'assainissement à Harare.

La Chine reste le plus grand investisseur au Zimbabwe. L'année dernière, le Zimbabwe a approuvé 929 millions de dollars américains comme IED, dont 72% de cette somme provenait de la Chine. Au cours des cinq premiers mois de cette année, les investissements chinois représentaient 74% des 134 millions de dollars américains des investissements étrangers directs dans le pays.

REPARER LES LIENS AVEC L'OUEST

D'autre part, M. Mugabe a déclaré que le Zimbabwe a tenu à tisser des liens significatifs et efficaces avec toutes les nations progressistes dans le monde pour développer son économie.

"Nous sommes en effet prêts à travailler même avec ceux qui étaient auparavant en désaccord avec nous - nos détracteurs", a-t- il déclaré. "Mais le Zimbabwe continuera d'exiger la suppression immédiate et inconditionnelle des sanctions illégales imposées par certains pays occidentaux".

Le président Mugabe ainsi que des membres de son parti font l'objet d'instrictions de voyage et de finances imposées par l'Occident.

Les Occidentaux en tête les États-Unis et la Grande-Bretagne ont refusé d'accepter la victoire de Mugabe dans les élections du 31 juillet marquées, selon eux, par des fraudes, même si certains organismes africains, dont la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) et l'Union africaine (UA), ont déclaré que les élections sont libres, pacifiques et crédibles.

Mais l'UE est visiblement engagé dans la piste de la réduction graduelle des sanctions.

Après avoir enlevé 80 personnes de l'interdiction de voyage plus tôt cette année, l'UE envisage maintenant de supprimer les sanctions imposées à la société minière de diamant gérée par l'Etat du Zimbabwe, la Zimbabwe Mining Development Corporation. Michael Mann, porte-parole en chef de la Haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton, a déclaré qu'il n'y a aucune indication que les activités de la ZMDC soient liées à des actes de violence au cours de la période électorale et que l'UE allait lever les sanctions contre la ZMDC, rapportent mardi les medias.


Xinhua
20130918

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