Jeudi 19 septembre, la police sud-africaine a été accusée par une commission d’enquête d’avoir menti sur les circonstances du massacre de Marikana, le 16 août 2012.
Jeudi 19 septembre, la police sud-africaine a été accusée par une commission d’enquête d’avoir menti sur les circonstances du massacre de Marikana, le 16 août 2012.
La commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les circonstances du massacre de Marikana, le 16 août 2012, a réfuté dans un communiqué, jeudi 19 septembre, la thèse officielle. "Nous avons obtenu des documents prouvant que la version de la police sur les événements de Marikana (...) ne correspond pas à la vérité", affirme la Commission, sans donner plus de détails.
Ces dix derniers jours, les chefs enquêteurs de la Commission ont obtenu l’accès à des disques durs ainsi que des milliers de pages de documents remis volontairement par des membres de la police. Parmi ces documents, certains étaient censés ne pas exister, à en croire les autorités policières, d’autres auraient dû être divulgués mais ne l’ont pas été. Enfin, certaines pièces du dossier semblaient avoir été fabriquées après les événements ou antidatés, notamment lors d’une réunion de policiers pour accorder leurs violons.
"Nous ne faisons pas cette déclaration à la légère", insiste la Commission, qui a décidé d’ajourner ses auditions jusqu’à mercredi prochain afin d’examiner soigneusement ces nouvelles preuves. "Nous reconnaissons qu'il est important que la police ait la possibilité de s'expliquer sur ces questions qui nous préoccupent. Cependant, nous devons dire que si nous n'obtenons pas d'explication convaincante, les documents que nous avons trouvé auront de sérieuses conséquences sur la suite des travaux de la Commission".
Abattus dans le dos
Les premières auditions avaient déjà révélé que certaines victimes avaient été poursuivies et abattues dans le dos par des policiers, qui affirment de leur côté qu'ils étaient en état de légitime défense. Ces derniers sont représentés par sept avocats engagés par l’État sud-africain, grandement discrédité par cette affaire.
"Il était clair quasiment depuis le premier jour que la police a essayé de tromper la commission", a commenté David Bruce, analyste politique et experts des questions de criminalité. "La culture de manipulation de l'information est profondément enracinée dans la police sud-africaine", ajoute-t-il. "Le haut commandement de la police a essayé de donner l'impression que ce qui s'est produit à Marikana était entièrement acceptable".
"Ceci met en cause l'intégrité et l'honnêteté d'une large proportion du haut commandement de la police sud-africaine", renchérit Gareth Newham, de l'Institut pour les Études de Sécurité. DE fait, il s'agit de la pire tuerie policière depuis la fin de l’apartheid en 1994. Le 16 août 2012, la police tirait sur des mineurs grévistes sur le site de la mine de platine de Marikana (nord), à une centaine de kilomètres de Johannesburg. Trente-quatre employés du groupe minier britannique Lonmin, qui manifestaient pour une hausse de salaire, tombaient sous les balles.
Depuis, la police sud-africaine et son chef, Riah Phiyega, n’ont jamais admis la moindre responsabilité, bien au contraire. Ils affirment que, débordés par une foule hostile armée de bâtons et de machettes, les forces de l’ordre avaient agi en état de légitime défense. À ce jour, aucun policier n’a été inquiété, malgré des témoignages arguant que la boucherie était injustifiée.
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