Quelque de 5,4 millions d'électeurs camerounais étaient appelés aux urnes lundi pour élire les 180 nouveaux députés de l'Assemblée nationale (Chambre basse du Parlement) et les 10.269 nouveaux conseillers municipaux lors d'un double scrutin où aucun incident majeur n'était signalé jusqu'en mi-journée.
Plusieurs fois reportées depuis 2012 qui marquait la fin des mandats des membres de l'Assemblée nationale sortante et des conseils municipaux des 360 communes du Cameroun élus tous en 2007, ces élections sont les cinquièmes pour les législatives et les quatrièmes pour les municipales organisées dans ce pays d'Afrique centrale depuis le retour au multipartisme en 1990, après deux décennies de suspension sous le régime d'Ahmadou Ahidjo, premier président camerounais.
Elles mettent en compétition, dans 85 circonscriptions électorales qui abritent 22.536 bureaux de vote, 735 listes de 29 partis politiques pour les législatives et 207 listes de 35 partis pour les municipales, au rang desquels le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) et son principal concurrent le Social Democratic Front (SDF).
"Les élections sont un temps fort dans un processus démocratique, puisque c'est à cette occasion que le peuple souverain choisit les personnes qui vont agir en son nom à l'Assemblée nationale et dans les conseils municipaux", a déclaré le président Paul Biya dans une interview à la Cameroon Radio and Television (CRTV, office de radio et de télévision public) après son avoir voté à son bureau de vote habituel de l'école publique de Bastos, non loin du palais présidentiel à Yaoundé.
De manière générale, la capitale camerounaise vivait une journée de vote calme, où la double interdiction officielle de fermeture des commerces et de transport en commun interurbain était globalement respectée par les habitants.
Sous sécurisation des forces de l'ordre et de sécurité, les opérations de vote ont pour la plupart débuté à 8h locales (7h GMT) , heure prescrite par la loi. Elles doivent se poursuivre jusqu'à 18h locales (17h GMT). Au fur et à mesure qu'elles évoluaient, la participation des électeurs se révélait moyenne.
Dans chaque bureau de vote a été disposé deux urnes transparentes, dont une pour chacun des deux scrutins jumelés. Certains partis politiques n'étaient pas représentés par leurs mandataires.
Nombre d'électeurs n'ayant pu retirer les cartes d'électeur biométriques à temps se trouvaient désorientés. Ceux qui avaient leurs noms sur les listes électorales étaient autorisés à voter avec leur carte nationale d'identité.
Quelques électeurs interrogés se réjouissaient de se prononcer sur le choix de leurs parlementaires et de leurs élus locaux. C'est le cas de Jeannette Pouza Youobo, 29 ans, étudiante en master II d'espagnol à l'Université de Yaoundé I et jeune mère rendue dans son bureau de vote de l'Ecole nationale supérieure des postes et télécommunications (ENSPT) à Ngoa-Ekellé tenant son nouveau-né dans ses bras.
"En tant que citoyenne camerounaise, je cherche à m'impliquer dans la bonne marche de la nation", a déclaré le jeune Camerounaise qui a dit attendre des futurs élus qu'ils prennent surtout en charge les problèmes de la jeunesse. En l'occurrence, " les problèmes de l'emploi, parce que les jeunes diplômés camerounais éprouvent des difficultés à s'insérer dans le monde socioprofessionnel".
Trésor Nzuno Kuaté, 22 ans, étudiant en première année de mathématiques dans la même université rencontré dans un centre de vote d'Essos, un autre quartier de Yaoundé, en appelé pour sa part ses congénères à emboîter le pas.
"Le plus souvent, on nous nourrit de promesses électorales qui ne sont pas tenues. Je suis venu voter pour ceux qui doivent amener le changement", a-t-il témoigné.
Après avoir salué le déroulement de la campagne électorale ouverte le 15 septembre jusqu'à dimanche, "dans les conditions de sérénité et d'engagement", le chef de l'Etat a souhaité que "cet état d'esprit continue tout au long de ces élections" et qu'un " maximum de Camerounais se rende aux urnes".
En visite dans le Nord-Ouest, avant de se rendre dans l'Ouest et puis dans le Centre, le président du conseil électoral d'Elections Cameroon (Elecam, organe électoral), Samuel Fonkam Azu'u, a quant à lui laissé entendre dans un entretien avec Xinhua au téléphone que "tout se passe très bien, même dans les grandes villes comme Douala où on avait des problèmes d'ouverture des bureaux de vote".
"Les échos qui me parviennent de Douala sont bons", a souligné le responsable électoral qui s'est félicité d'une participation appréciable. "Jusqu'à présent, c'est l'affluence dans les bureaux de vote, surtout dans les bureaux de vote qui ont plus de 400 électeurs inscrits. Actuellement, je suis à Santa, où il y a une cinquantaine de personnes devant le bureau de vote", a-t-il dit concernant son observation dans le Nord-Ouest.
"C'est le calme, c'est la sérénité. Partout où nous passons, les gens ne font pas la campagne. C'est une ambiance bonne enfant. La présence des militaires et des forces de l'ordre autour des centres de vote est une présence très discrète. Je suis satisfait, mais il faut que nous restions vigilants, que nous continuions à nous assurer que les choses se passent bien", a affirmé Fonkam Azu'u par ailleurs.
Conformément à la loi électorale, les résultats de ces élections ne seront pas connus avant quinze jours. D'ores et déjà , le président Biya a, dans son interview à la CRTV, souhaité que " quand les résultats seront connus, tout le monde accepte le verdict des urnes".
De l'avis du géostratège Joseph Vincent Ntuda Ebodé, ce rendez- vous électoral revêt un enjeu de stabilité. "Après les élections des sénateurs (les premières tenues en avril, NDLR) qui, de manière générale, se sont bien passées, il fallait compléter les autres structures électives. Tout cela présage la mise en place des régions, du Conseil constitutionnel et puis de l'ensemble de l'architecture institutionnelle de la Constitution en vigueur".
Cette analyse a été confirmée par l'annonce par le chef de l'Etat de la mise en place prochaine du Conseil constitutionnel, autre institution créée, à l'instar du Sénat devenu opérationnel en avril, par la Constitution adoptée en janvier 1996 et dont l'application a traîné.
Xinhua 20131001
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