Les habitants du Botswana, ou Batswana, ont toutes les ressources nécessaires pour faire de leur pays, jadis l'un des plus pauvres au monde, un pays à revenu intermédiaire, grâce à des décennies de croissance économique ininterrompue et de développement sociopolitique stable, depuis l'indépendance de cette ancienne colonie britannique il y a 47 ans.
Aujourd'hui, alors que ce pays d'une population de 2 millions d' habitants se tient à un carrefour et cherche une nouvelle orientation pour diversifier son économie fortement dépendante des diamants, beaucoup d'acteurs de ce pays d'Afrique australe considèrent que le manque de ressources humaines adéquates ou d' éthique professionnelle est un problème chronique qui freine le développement économique du pays.
Dans un discours prononcé lundi devant l'ensemble de la nation à l'occasion de la Fête de l'Indépendance, le président du Botswana Ian Khama a déclaré que le Botswana ne pouvait espérer se classer parmi les plus importants pays au monde si son niveau d' éthique restait parmi les plus mauvais du classement mondial.
"En tant que petit pays enclavé, nous n'avons pas d'autre option que de nous montrer compétitifs sur une économie régionale et mondiale dont les conditions ne nous sont pas toujours favorables", a déclaré M. Khama.
"Cet état de fait place un fardeau encore plus lourd sur nos ressources humaines. Par conséquent, une productivité inadéquate reste un facteur limitant majeur pour le succès de nos plus hautes aspirations", a-t-il dit.
D'après les six derniers Rapports mondiaux sur la compétitivité publiés par le Forum économique mondial ces six dernières années, le facteur le plus problématique pour faire des affaires au Botswana est la faible éthique professionnelle de la main d'oeuvre.
Le centre national pour la productivité du Botswana (Botswana National Productivity Center ou BNPC), chargé de remédier à cette situation de faible éthique professionnelle, a déclaré lors d'un point presse réent avoir conclu que les questions les plus problématiques concernant l'éthique professionnelle touchaient principalement l'attitude et la fiabilité de la main d'oeuvre.
Une étude du BNPC indique que les facteurs qui contribuent au manque d'éthique professionnelle comprennent les mauvaises pratiques et conditions de travail, l'inadéquation de la direction et de la supervision, et la mauvaise attitude envers le travail des Batswana en général.
D'après un article de l'hebdomadaire local Sunday Standard, les nouvelles technologies portent une part de la culpabilité et sont désignées comme une arme à double tranchant. Au lieu de délivrer les prestations de service plus rapidement, beaucoup d'employés du secteur public s'occupent de réseaux sociaux pendant que les clients font la queue sans recevoir d'aide.
Le reportage décrit une nouvelle tendance surnommée "système hors-service" dans laquelle un grand nombre de fonctionnaires sont "trop occupés" pour aider les clients car ils passent leur temps à échanger des images ou à discuter sur Internet.
Les experts locaux estiment que les Batswana sont en train de devenir une nation de "paresseux" parce qu'ils n'ont jamais subi les conflits et la famine.
Ils pensent tout recevoir gratuitement dans la vie car "ils vont à l'école gratuitement, ils vont à l'hôpital gratuitement et ils ont tendance à passer plus de temps à s'amuser qu'à travailler ".
Un rapport de Consultancy 2010 sur les niveaux d'éthique professionnelle mené par l'Université du Botswana attribue aux fonctionnaires et employés des gouvernements locaux ou central une note générale de 3,6 sur 7, et aux employés des secteurs du tourisme et de l'hôtellerie, une note particulièrement faible de 3, 2.
L'économie du Botswana est fortement dépendante du diamant, qui représente environ 70 % des recettes d'exportation du pays, 50 % de ses recettes nationales et 30 % de son produit intérieur brut.
Toutefois, une diversification de cette économie est essentielle si le Botswana veut pouvoir rester une "success story africaine", d'autant que ses réserves de diamant devraient selon des prédictions s'épuiser d'ici une vingtaine d'années.
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