Mobilisé depuis plusieurs semaines à rassembler les "rivaux" de la scène politique tunisienne (pouvoir et opposition) autour de la même table du "dialogue national", le quartet de médiation a réussi samedi à imposer la signature de son initiative
Une vingtaine de partis politiques, y compris le parti islamiste Ennahdha qui conduit la coalition tripartite au pouvoir, ont signé, samedi lors de la séance inaugurale du dialogue, le document officiel de l'initiative du quartet. "Reste à se mettre d'accord (à partir de lundi) sur les procédures organisationnelles outre la date de l'entame effective des assises du dialogue", a révélé à Xinhua Houcine Abassi, secrétaire général de l'Union générale tunisienne du Travail (UGTT), principal médiateur parmi le quartet.
Selon le patron de la centrale syndicale (UGTT), "toutes les parties sont parvenues à faire des concessions parfois douloureuses mais qui servent le pays d'autant plus qu'elles (concessions) permettront le regain de confiance entre différents rivaux politiques, mais surtout le fait de dresser un message rassurant aux Tunisiens".
Pour faire sortir la Tunisie d'une crise politique et socioéconomique, qualifiée localement des plus aigües depuis le 14 janvier 2011 (déclenchement de la révolution), le quartet de médiation (centrales syndicale et patronale, Ordre des avocats et Ligue des droits de l'Homme) a récemment proposé à la coalition tripartite au pouvoir (Troïka) tout comme à l'opposition une initiative à laquelle devraient s'appliquer tous les protagonistes.
L'initiative stipule l'engagement de l'actuel gouvernement de la Troïka conduite par les islamistes d'Ennahdha à démissionner, la formation d'un nouveau "cabinet de compétences" dirigé par une personnalité nationale et interdit à se porter candidat lors des prochaines élections. Il s'agit également de reprendre les travaux de la Constituante et la fixation des délais pour le parachèvement de sa mission.
Afin de bien parachever l'ultime phase du processus transitionnel, le quartet de médiation a insisté, dans son initiative, sur l'impérative de s'appliquer à une feuille de route consensuelle capable de "regrouper tous les calculs politiques autour de l'intérêt suprême de la Tunisie", comme l'a estimé le député représentant le parti de l'Alliance démocratique, Mahmoud Baroudi présent lors de la séance inaugurale du dialogue.
D'après le document officiel de l'initiative du quartet signé par les partis politiques, la feuille de route se veut articulée autour de trois axes majeurs intitulés respectivement : "Poursuite des travaux de la Constituante", "Désignation d'un nouveau gouvernement" et finalement "Dialogue national".
En ce sens, l'Assemblée constituante aura un délai de quatre semaines dont une semaine pour finaliser le choix des membres de l'instance électorale, deux semaines réservées pour approuver le code électoral. En plus, les députés devront se fixer sur des dates précises et définitives pour les prochaines élections générales du pays (législatives et présidentielle) dans un délai de deux semaines à partir de la mise en place d'une instance électorale.
"Le terme 'obligatoirement' a été supprimé de l'article se rapportant à la démission du gouvernement dans un délai de trois semaines", a déclaré le secrétaire général de l'UGTT Houcine Abassi quelque peu avant la signature de l'initiative du quartet.
D'après lui, "ce même terme a été ajouté à l'article portant sur les travaux de l'Assemblée constituante qui doivent prendre fin obligatoirement dans un délai de quatre semaines", un réajustement qui se présentait, toujours selon M. Abassi, comme la condition d'Ennahdha et du Congrès pour la République (parti présidentiel) pour signer la feuille de route à moins que le secrétaire général de ce dernier (Congrès pour la République) n'ait pas signé le document de l'initiative sans en donner les raisons.
Malgré les trois réserves jugées d'"énigmatiques" par une majorité d'hommes politiques présents lors de la session inaugurale du dialogue national, la signature d'une vingtaine de partis, y compris les islamistes majoritaire d'Ennahdha et le Forum démocratique pour le Travail et les libertés (deux alliés parmi la Troïka au pouvoir) , de l'initiative des quatre "parrains" pourrait rassurer aussi bien les Tunisiens assoiffés à voir leur pays stabilisé que les partenaires étrangers qui attendaient depuis un moment le rétablissement du paysage politique tunisien pour relancer une coopération relativement affectée dans les deux dernières années.
Xinhua 20131006
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