Plus de deux semaines après les élections législatives en Guinée, les premières depuis onze ans, le décompte des voix a repris à zéro dans la plus grande circonscription du pays
En banlieue de Conakry, à Matoto, plus grande circonscription de Guinée, les résultats des législatives du 28 septembre peinent à émerger. "L'Union des forces républicaines (UFR, opposition) a demandé la reprise du décompte à la proportionnelle, alors que le Rassemblement du peuple de Guinée [RPG, au pouvoir, NDLR], a exigé la reprise du décompte à l'uninominal. Donc, ils ont accepté la reprise à zéro du décompte des deux scrutins", a expliqué Maxime Koivogui, chargé de la transparence à la Ceni.
"Le décompte a repris à zéro en milieu de journée lundi et toutes les parties sont dans la salle", a confirmé un haut responsable de la commission électorale. Le litige entre les partis porterait sur quelque 3 000 voix, alors que Matoto compte quelque 440 000 électeurs inscrits. Mais la complexité des élection n'aide pas les agents électoraux et les observateurs à accorder leurs violons.
Aucune tendance claire
De fait, deux modes de scrutin se chevauchent : uninominal pour 38 députés, proportionnel au plus fort reste pour les 76 autres. Conséquence : seize jours après le vote, aucune tendance ne se dégage clairement, même si la Ceni a publié les résultats du scrutin uninominal dans 37 circonscriptions sur 38, qui, selon des chiffres officieux, donneraient une légère avance au camp du président Alpha Condé. Et les représentants de la communauté internationale, qui souhaitaient que la publication des résultats provisoires ait lieu avant mercredi, risquent d'en être pour leur frais.
D'après de premiers décomptes effectués à Matoto, l'opposition y était donnée en tête, ce qui pourrait faire basculer cette tendance. Dimanche, avant la reprise du décompte des voix à Matoto où d'importantes forces de sécurité ont été déployées par crainte de violences, le dirigeant de l'UFR, Sydia Touré, avait renouvelé la demande de l'ensemble de l'opposition de voir ce scrutin annulé.
L'opposition a très vite accusé le pouvoir de fraudes massives, citant pêle-mêle des bourrages d'urnes, des pressions de fonctionnaires et de militaires sur des électeurs, des disparitions de procès-verbaux de bureaux ou encore des votes fictifs.
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