Le président tchadien, Idriss Déby Itno et le Premier ministre, Joseph Djimrangar Dadnadji, ont remanié jeudi le gouvernement
Parmi les entrées les plus remarquables, il y a est celle de Daoussa Déby Itno, le frère aîné du président de la République, au ministère des Postes et des Nouvelles technologies de l'information et de la communication. Une première expérience gouvernementale pour cet homme d'affaires qui fut directeur de cabinet du chef de l'Etat, puis ambassadeur.
Abdérahim Birémé Hamid devient le nouveau patron de l'Intérieur et de la Sécurité publique. Pour lutter contre les nombreux défis sécuritaires auxquels les populations tchadiennes sont confrontées, celui qui a dirigé de longues années la Cour suprême jusqu'à jeudi, devra s'appuyer sur un flic de métier, Djointan Hoinathy Marcel. Ce dernier, ancien directeur général de la police nationale, est propulsé au Secrétariat d'Etat à l'Intérieur et de la Sécurité publique.
L'ancien vice-gouverneur de la Banque Africaine de Développement, Bédoumra Kordjé, hérite, lui, du ministère des Finances et du Budget.
L'ancien ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération internationale, puis secrétaire général de la présidence de la République, devra mettre à profit sa longue expérience de technocrate pour booster l'économie nationale au moment où le Trésor public tchadien traverse des moments durs et où le pays peine à trouver un accord avec les institutions de Bretton Woods.
Au nombre des départs, il faut signaler ceux de Tchonaï Elimi Hassan (Intérieur et Sécurité publique), Atteib Doutoum (Finances et Budget), Abdelkérim Seid Bauche (Enseignements secondaires et Formations professionnelle) et Adoum Goudja (Enseignement supérieur et Recherche professionnelle).
Les deux premiers paient respectivement pour une situation sécuritaire et financière délicate; les seconds n'ont pas su trouver les remèdes à la déliquescence de l'école tchadienne (les résultats de la dernière session du baccalauréat ont affiché un taux de réussite record de 8,71%).
Samir Adam Annour, habitué à tirer à boulets rouges sur les opposants et les leaders de la société civile, cède le Secrétariat général du gouvernement à Abdoulaye Sabre Fadoul (ancien ministre des Postes et NTIC). Un décret présidentiel publié vendredi l'a nommé président de la Cour suprême.
La nouvelle équipe gouvernementale renferme 9 femmes sur 41 ( ce qui est toujours en-deçà des 30% promis par le président Déby il y a quelques années). Trois font une entrée remarquable: Mme Mariam Mahamat Nour (Economie, du Plan et de la Coopération internationale), Mme Banata Tchalé Sow (Microcrédits pour la promotion de la femme et de la jeunesse) et Mme Haoua Açyl ( Aviation civile et Météorologie nationale).
Si Mmes Albatoul Zakaria et Baïwong Djibergui Rosine conservent leurs postes (Enseignement fondamental et Alphabétisation pour la première; Action sociale, Solidarité nationale et Famille pour la seconde); Mme Amina Kodjiyana, elle, est rétrogradée du ministère de Droits de l'Homme et de la Promotion des libertés fondamentales au Secrétariat général adjoint du gouvernement.
Mme Kassiré Isabelle Housna, diplomate et fille de l'ancien Premier ministre Kassiré Delwa Coumakoye, hérite d'un poste neuf: secrétariat d'Etat aux Affaires étrangères chargé des Tchadiens de l'étranger.
Ce remaniement gouvernemental a entraîné quelques bouleversements au sein du cabinet présidentiel et à la tête de deux grandes institutions de la République. Ainsi, David Ngarimaden Houdeingar remplace Bédoumra Kordjé au secrétariat général de la présidence. Il cède en même temps la présidence du Conseil constitutionnel à Nagoum Yamassoum, ancien chef de la diplomatie et du gouvernement nommé, il y a quelques semaines, ambassadeur en Afrique du sud. Mahamat Djibrine Souleymane quitte le poste de secrétaire général adjoint de la présidence pour celui de conseiller aux Affaires économiques, financières et budgétaires qu'occupait Mme Banata Tchalé Sow, désormais au ministère des Microcrédits.
L'ancien ministre Mahamat Ali Abdallah Nassour, par ailleurs secrétaire général adjoint du parti au pouvoir, devra également diriger le Conseil Economique, Social et Culturel, un organe consultatif créé il y a huit ans sur les cendres du Sénat.
Avec ces différentes personnalités, issues pour la quasi- totalité de son parti, le président Déby Itno reprend les choses en main, tant au niveau du gouvernement que dans les hautes institutions du pays. Les temps du partage du gâteau semblent définitivement résolus pour le chef de l'Etat tchadien. Mardi dernier, à l'occasion de la fête de Tabaski, il a publiquement fustigé les ministres et autres cadres qui "ne pensent qu'à s'enrichir".
Ainsi, parmi les ténors du Mouvement patriotique du salut ( MPS, au pouvoir depuis vingt-trois ans) qui restent en place, il y a son secrétaire général Béyom Adrien Mallo (ministre conseiller à la présidence de la République, une sorte de vice-Premier ministre) , Moussa Faki Mahamat (Affaires étrangères et Intégration africaine), Bénaido Tatola (Défense nationale), Adoum Younousmi infrastructures et Transports), Hassan Sylla Bakari (Communication et porte-parole du gouvernement), Gata Ngoulou (Urbanisme, Habitat, Affaires foncières et Domaines), etc.
La tâche s'annonce difficile pour le nouveau gouvernement dirigé par M. Joseph Djimrangar Dadnadji, le cinquième depuis sa nomination fin janvier 2013. En plus de trouver les moyens pour achever les nombreux projets d'infrastructures et de développement engagés à travers le pays, la nouvelle équipe devra assurer la sécurité des biens et des personnes, juguler la vie chère, lutter contre le paludisme et autres maladies qui font des ravages au sein de la population, etc. Sans oublier les élections générales dans les deux prochaines années.
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