Des incidents ont éclaté ce week-end à Laâyoune entre les forces de l'ordre et plusieurs centaines de personnes, en marge d'une nouvelle visite de émissaire de l'ONU
Dans le cadre d'une nouvelle tournée régionale, Christopher Ross, envoyé spécial du secrétaire général des Nations-unies pour le Sahara occidental, est arrivé vendredi 18 octobre au soir à Laâyoune, plus grande ville de l'ancienne colonie espagnole contrôlée par le Maroc et revendiquée par les indépendantistes du Polisario.
Dès le lendemain, samedi, en fin de journée, des heurts ont éclaté dans la ville entre forces de l'ordre et manifestants. Comme souvent dans ce genre d'incidents au Sahara occidental, les versions divergent sur leur nature.
D'après la préfecture de Laâyoune, citée par l'agence marocaine MAP, cinq membres des forces de l'ordre ont été blessés lors "d'actes de vandalisme et de violence" commis par "quelque 400 individus, qui entendaient perturber la visite" de Christopher Ross.
Préfecture contre AMDH
Ces personnes ont "tenté (...) à différents endroits de la ville de Laâyoune de s'attrouper sur la voie publique sans autorisation et (ont) commencé à jeter des pierres et des cocktails Molotov et (ont) utilisé des pneus en flamme pour dresser des barrages", selon la même source. "Les forces de l'ordre ont fait preuve de responsabilité et de retenue", a assuré la préfecture, qui n'a pas fait mention de blessés parmi les manifestants.
De son côté, le responsable local de l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH, indépendante), Hamoud Iguilid, avait une version différente des faits. "Des policiers en civil ont violemment empêché les rassemblements", a-t-il avancé, affirmant que "des dizaines" de personnes avaient été blessées et hospitalisées à Laâyoune. Hamoud Iguilid a également précisé que son ONG avait rédigé un rapport sur ces incidents.
Christopher Ross doit quitter lundi le Sahara. Il a rencontré ces derniers jours des officiels marocains mais aussi des représentants de la société civile anti et pro-indépendance, à Laâyoune et Smara (est).
Consultations le 30 octobre Ă l'ONU
Envoyé personnel de Ban Ki-moon depuis 2009, il effectue seulement sa troisième visite de terrain, après celles de novembre 2012 et mars 2013. Un temps désavoué par le Maroc sur des accusations de "partialité", il avait été conforté à l'été 2012 par Ban Ki-Moon.
Des consultations sur le Sahara occidental sont prévues le 30 octobre au Conseil de sécurité de l'ONU. Le Maroc propose une large autonomie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario, soutenu par Alger, réclame un référendum d'autodétermination.
Les Nations unies comptent une mission au Sahara occidental, la Minurso, qui surveille le cessez-le-feu depuis 1991. Lors de sa dernière prolongation, en avril, Washington avait proposé d'élargir son mandat aux droits de l'homme, mais le Maroc s'y était vigoureusement opposé. Des manifestations pro-indépendance avaient eu lieu au cours des semaines suivantes à Laâyoune.
Jeune Afrique 20131021
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