La communauté internationale gardait l'espoir d'un accord rapide qui éviterait un nouvel embrasement dans l'est du pays.
Après la suspension des négociations entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23), les envoyés spéciaux de l'ONU en RDC et pour la région des Grands Lacs, Martin Kobler et Mary Robinson, s'alarmaient lundi 21 octobre au soir de ce que les forces gouvernementales et rebelles s'étaient "considérablement renforcées" autour de la Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.
"Les parties ont du mal à s'accorder sur certains problèmes difficiles dont l'amnistie, le désarmement et l'intégration" des membres du M23, a expliqué Mme Robinson, mais elles "ont accepté de se retrouver bientôt pour surmonter leurs divergences". De leur côté, les États-Unis ont "regretté" cette suspension des négociations et reproché au M23 de les "retarder volontairement".
Si gouvernement et rebelles s'accusent mutuellement d'être responsables des derniers blocages, ils maintiennent cependant une délégation à Kampala, où le gouvernement ougandais joue les bons offices. "Nous avons convenu du contenu de treize articles d'un accord de paix et il nous en reste encore deux à régler, concernant des dispositions de sécurité", a déclaré René Abandi, chef de la délégation du M23, laissant entendre que la question de l'incorporation des rebelles dans l'armée congolaise n'était pas réglée.
Espoir de progrès "dans les jours qui viennent"
Soutenu par la communauté internationale, Kinshasa refuse d'accorder l'amnistie à quelque 80 dirigeants du M23 et s'oppose à ce que ses hommes puissent faire de nouveau partie des Forces armées de la RDC (FARDC). Dans un communiqué diffusé lundi soir, le gouvernement congolais a souligné qu'il restait "ouvert au dialogue et déterminé à son aboutissement heureux". Mais il a aussi affiché sa fermeté, réaffirmant "sa détermination à poursuivre ses efforts jusqu'à la pacification totale du Nord-Kivu et du Sud-Kivu qui doivent, d'une façon ou d'une autre, être définitivement et irréversiblement débarrassés des groupes armés et de toutes les forces négatives".
L'ONU et les envoyés spéciaux de la communauté internationale (États-Unis, Union Européenne et Union africaine) ont de leur côté exhorté les deux parties "à faire preuve d'une retenue maximale sur le terrain pour permettre la conclusion de leur dialogue". S'inquiétant de "l'instabilité de la région", ils espèrent néanmoins "des progrès supplémentaires [...] dans les jours qui viennent sur les questions importantes en suspens" et exhortent une nouvelle fois "fermement le M23 à [...] se dissoudre immédiatement".
Le M23 affaibli
Les négociations de Kampala avaient repris le 10 septembre après plusieurs mois d'arrêt, sous la pression des chefs d'État de la région des Grands Lacs.
Affaibli depuis la dernière offensive conjointe de l'armée congolaise et des Casques bleus, fin août, le M23 contrôle une zone de quelque 700 kilomètres carrés limitrophe du Rwanda et de l'Ouganda, dans l'est de la RDC. Parti en avril 2012 d'une mutinerie d'anciens rebelles intégrés dans l'armée congolaise, le M23 demande la pleine application de l'accord ayant régi leur incorporation en 2009. Il défend plus généralement les droits des populations congolaises rwandophones, essentiellement tutsi.
L'ONU et Kinshasa accusent régulièrement le Rwanda et l'Ouganda de soutenir le M23, ce que ces deux voisins de la RDC démentent.
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