Afrique : violences meurtrières et pillages à Bangui après la démission de Djotodia et Tiangaye
le 11/01/2014 18:08:41
Afrique

Quatre personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans les violences à Bangui depuis l' annonce de la démission forcée du président de la transition centrafricain

« Toute la nuit s'est passée sous les tirs de la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique, une force africaine autorisée par les Nations Unies, NDLR) et des Sangaris (force française également dotée d'un mandat onusien). Ce matin, la ville est calme, sinon il y a la menace des anti-Balakas vers Catin (un quartier de la capitale) », a rapporté le colonel Christian Narkoyo, commandant de la gendarmerie mobile joint samedi matin à Bangui par Xinhua.

En marge des scènes de joie observées vendredi dans la capitale centrafricaine après l'annonce de la démission du chef de l'Etat par intérim, ex-leader de la coalition rebelle Séléka qui l' a porté au pouvoir en mars 2013, et du Premier ministre du gouvernement d'union nationale et de transition nommé par l'accord politique intercentrafricain conclu le 11 janvier de la même année à Libreville (Gabon), des menaces d'attaques des milices d'autodé fense anti-Balakas (anti-machettes) ont été signalées.

Ces groupes armés déclarés fidèles à l'ancien régime de Franç ois Bozizé et soutenus par des ex-militaires des Forces armées centrafricaines (FACA) ayant refusé de faire allégeance au pouvoir de Michel Djotodia ont notamment attaqué la résidence du général Ibrahim Dafadi, sous-chef d'état-major chargé des opérations dans la nouvelle armée, un titre occupé auparavant au sein de l'ex-ré bellion, au quartier Pou, non loin de celle du Premier ministre saccagée en 2013, informe le colonel Narkoyo.

Une personne a été tuée et deux autres blessées lors de cette attaque, à en croire le responsable sécuritaire. A Cantin, les soldats burundais de la MISCA se sont mis à la manoeuvre pour repousser ces miliciens chrétiens qui, dans leur offensive contre les ex-Séléka, sèment à leur tour la terreur à Bangui et d'autres villes du pays. Des scènes de pillage sont également annoncées, au détriment de commerçants et de civils musulmans accusés de soutenir les ex-rebelles au pouvoir. « Depuis qu'on nous a interdit de patrouiller, il n'y a aucun Séléka sur la route. Les anti-Balakas pillent les musulmans », décrit le colonel Narkoyo, ex-porte-parole militaire de l'ex-rébellion et musulman originaire du Nord centrafricain comme le président démissionnaire.

Une attaque anti-Balakas contre une caserne militaire de Bangui, le camp Béal, a tué un ex-Séléka et blessé deux autres vendredi après-midi aux environs de 15 heures locales (14 heures GMT), renseigne-t-il encore.

A Miskine, « hier soir vers 19 heures, les Sangaris ont tiré sur des jeunes qui venaient de dresser des barricades et tué deux personnes », ajoute le patron de gendarmerie mobile qui a cependant salué l'action des forces africaine et française pour limiter les violences. « Si ça continue comme ça, je pense que ça va nous amener quand même la paix ».

Sous la pression des chefs d'Etat et de gouvernement de la CEEAC réunis en sommet extraordinaire jeudi et vendredi à N' Djamena, et surtout de la France, ex-puissance colonisatrice de la République centrafricaine (RCA), Michel Djotodia et Nicolas Tiangaye, présents d'ailleurs au rendez-vous de la capitale tchadienne, ont été accepter de quitter leurs fonctions.

C'est une décision réclamée depuis des semaines par une partie de la population centrafricaine face à l'aggravation de la situation sécuritaire et humanitaire, et saluée par des scènes de liesse populaire dans les rues de Bangui.

Transporté par un vol spécial affrété par la présidence tchadienne, les 135 membres du Conseil national de transition (CNT) , organe législatif provisoire, ont aussi pris part à ce conclave crucial dont la réflexion a consisté à redéfinir les objectifs et le chronogramme de la transition politique à Bangui devant dé boucher la tenue d'un scrutin présidentielle et des élections lé gislatives démocratiques.

« On a essayé de trouver un consensus pour continuer la transition », en acceptant le départ de Michel Djotodia et de Nicolas Tiangaye, qui ont été « incapables de ramener la paix dans notre pays », a souligné depuis N'Djamena à Xinhua Nicaise Karnou- Samedi, membre et président de la commission équipement et communications du CNT.

Le sommet des chefs d'Etat de la CEEAC a décidé de confier la présidence de la République par intérim pour une durée de deux semaines à ce Parlement. C'est lui qui est chargé de désigner les remplaçants des deux dirigeants débarqués, de l'avis de Karnou- Samedi.

La délégation regagne Bangui samedi matin, tandis que Djotodia et Tiangaye restent à N'Djamena pour une durée non déterminée.

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