Afrique, Ouest : Le moment n'est pas favorable pour intervenir en Côte d'Ivoire, selon le Tribunal pénal international
le 18/03/2011 15:00:20
Afrique, Ouest

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Xinhua
DAKAR, 17 mars (XINHUA) -- D'après Fatoumata Bensouda, adjointe du procureur du Tribunal Pénal international (TPI), il sera difficile de mener en ce moment des enquêtes sur des crimes commis en Côte d'Ivoire.

Simplement parce que les gens y vivent actuellement une situation de peur et d'insécurité. Toutefois, le bureau du TPI reçoit quotidiennement des informations sur ce pays et cela facilitera le travail le moment venu, a-t-elle précisé.

Mme Bensouda était l'nvitée du colloque sur « Femmes et conflits armés Femmes et migration » tenu les 15 et 16 mars à Dakar.

Que prévoit le Tribunal pénal international pour la Côte d' Ivoire ?

Concernant la Côte d'Ivoire actuellement la situation n'est pas stable pour que le TPI intervienne. Parce qu'il faudrait que l' on veille à ce que les gens que nous allons contacter, les gens à qui nous allons parler soient protégés. Mais cela est pour le moment impossible car les gens vivent une situation de peur et d' insécurité. Je ne pense pas que le moment soit approprié pour que l'on intervienne. Dans le cas du statut de Rome, le procureur à obligation de faire des investigations, d'interroger les témoins. C'est pourquoi je ne pense pas, vue la situation, que le moment soit favorable à une intervention dans ce pays. Il serait dangereux de discuter avec ceux qui sont en Côte d'Ivoire (pour leur sécurité). Mais nous sommes en train de suivre étroitement la situation. Nous recevons des informations quotidiennement jusqu' aux crimes qui sont commis. Et en même temps, l'analyse se poursuit au sein de notre bureau (TPI). Et si le bureau du procureur devait intervenir en Côte d'Ivoire aujourd'hui pour faire des investigations et des poursuites, nous devrions pouvoir le faire très rapidement parce que nous avons collecté suffisamment d'informations sur les crimes qui sont commis.

Qu'en est-il de l'affaire de l'ancien président Tchadien Hissen Habré en exil à Dakar ?

Sur l'affaire Habré, je m'en arrêterai juste à la juridiction temporaire à savoir les crimes commis de 2002 jusqu'à ce jour. Il faut comprendre que juillet 2002, c'est l'entrée en vigueur du TPI. Donc le TPI n'a pas compétence sur tous les crimes commis avant son entrée en vigueur. Et c'est le cas de Hissen Habré qui a commis des crimes qui date de longtemps. C'est pourquoi nous n' avons pas compétence à la matière.

On accuse souvent le TPI de cibler seulement les dirigeants africains, comment vivez-vous ces accusations ?

Chaque fois ces propos reviennent et c'est dommage qu'on dise toujours cela. Pourtant, l'appui incommensurable reçu par TPI pour exister en tant que institution vient des Etats africains. C'est les africains qui ont voulu la mise en place du TPI. Deuxièmement, il n'y a pas d'autre régions dans le monde qui regroupe le plus grand nombre de pays ayant signé le statut de Rome. C'est seulement en Afrique que plus de la moitié des pays ont signé ce statut. Cela veut dire que ces pays africains acceptent le TPI comme étant partie prenante dans leur juridiction pénale. Je dis souvent que n'eut été le leadership des Etats africains, le TPI probablement aurait commencé à être opérationnel mais pas de si tôt. Posez vous vous-même la question à savoir, lorsque vous dites que le TPI cible des africains, qui sont les victimes de ces atrocités? Est-ce qu'on est en train de dire que des crimes ne sont pas commis en Afrique ? Ou est-ce que ces victimes ne sont pas africaines ? Non, les victimes sont à 100% des Africains. Donc le TPI va continuer à protéger les africains et va continuer à travailler pour et avec les Africains.

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