Une opération de la force de l'Union africaine en Centrafrique, appuyée par l'armée française, se déroulait vendredi dans la ville de Sibut contrôlée par des combattants de l'ex-rébellion Séleka, au moment où les violences s'accentuent à Bangui.
La nouvelle présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, a accusé vendredi à la radio nationale les combattants présents à Sibut (180 km au nord de Bangui), des "groupes armés appartenant à l'ex-Séléka", de vouloir "déstabiliser" son mandat, 10 jours après son élection à la tête du pays.
Elle a également dénoncé les "velléités de sécession" de "ces aventuriers connus, qui ont pourtant montré leurs limites dans la gestion du pouvoir dans un passé récent".
Lourdement armés, ces combattants musulmans sont commandés par Mamadou Rakis, ancien directeur général adjoint de la police centrafricaine de l'ex-président Michel Djotodia, et ont commis des exactions contre la population, selon une source de la gendarmerie centrafricaine.
Le colonel Thomas Mollard, officier de communication français à Bangui, a spécifié que la force française "Sangaris est en soutien de la Misca (force africaine) qui est leader sur l?opération".
"Deux avions et deux hélicoptères français survolent la ville depuis 15H00" (14H00 GMT), a affirmé par téléphone un habitant de Sibut réfugié en brousse. Ce dernier a précisé que "des éléments de Sangaris et de la Misca sont à 5 km de Sibut en provenance de Bangui".
"99% de la population" a fui en brousse, a-t-il ajouté, estimant à une centaine le nombre d'ex-Séléka à Sibut.
Une source diplomatique avait expliqué jeudi qu'"il y a eu une redistribution des cartes au sein de la Séléka" depuis la démission contrainte, le 10 janvier, de son chef Michel Djotodia.
En début de semaine, les ex-Séléka, qui avaient pris le pouvoir en mars 2013, ont été évacués des divers camps qu'ils occupaient dans Bangui et regroupés dans un camp à la sortie nord de la capitale. Beaucoup ont toutefois préféré fuir la ville avec armes et bagages, sillonnant désormais les routes sans aucun contrôle.
Mais les 5. 500 soldats de la Misca et les 1. 600 militaires français, qui peinent déjà à contenir les violences à Bangui, sont trop peu nombreux pour se déployer hors de la capitale, dans un pays grand comme une fois et demi la France.
Plusieurs villes du pays ont été désertées par leurs habitants suite à des violences, comme Bocaranga (nord-ouest), "une ville fantôme, vide, détruite, pillée", selon Delphine Chedorge, coordinatrice d'urgence pour Médecins sans frontières (MSF).
Au moins "30 tués et 60 blessés" en trois jours à Bangui
La capitale aussi a connu un regain de violences ces derniers jours.
La Croix-rouge a déclaré vendredi avoir ramassé "30 tués et 60 blessés" en trois jours dans les rues de Bangui.
Le chef de délégation du Comité international de la Croix-rouge (CICR), Georgios Georgantas, s'est dit devant la presse "extrêmement préoccupé" par la dégradation de la situation dans la ville, soulignant un "niveau de violences sans précédent" depuis début janvier.
Le bilan annoncé pour la capitale est a minima, puisque de nombreuses familles enterrent elles-mêmes leurs morts ou ne peuvent acheminer leurs blessés à cause de l'insécurité.
La crise est aussi au coeur des travaux du 22e sommet de l'Union africaine, qui débat à Addis Abeba de l'opportunité de confier à des Casques bleus la mission que la Misca peine à remplir.
Le commissaire de l'UA à la Paix et la Sécurité, Smail Chergui, n'a pas exclu vendredi une transformation de la force africaine en force onusienne, tout en affirmant que cela prendrait "au moins six mois".
Toujours dans la capitale éthiopienne, l'Union européenne a promis 45 millions d'euros supplémentaires d'aide à la Centrafrique. L'UE avait déjà débloqué 150 millions d'euros et approuvé l'envoi d'une force européenne d'environ 500 hommes, qui a reçu l'aval de l'ONU mais n'est pas encore déployée.
Dans la foulée du sommet, dirigeants de l'UA et représentants de la communauté internationale se réuniront samedi pour lever des fonds en faveur de la Misca. Aucune annonce de troupes supplémentaires n'est prévue, selon des diplomates.
L'ONU estime à 10. 000 le nombre minimal de soldats nécessaires pour sécuriser la Centrafrique et son secrétaire général Ban Ki-moon a souhaité jeudi que "la communauté internationale agisse de façon décisive avant qu'il ne soit trop tard".
Le Premier ministre britannique, David Cameron, a par ailleurs annoncé vendredi le renforcement de l'aide à la France au Mali et en Centrafrique sous la forme d'un soutien logistique aérien. 01022014 Jeuneafrique
|