Centrafrique : la Misca menace les groupes armés, la présidente au Congo
le 09/02/2014 10:10:00
Centrafrique

Image redimensionnéeLe chef de la force africaine en Centrafrique (Misca), le général Martin Tumenta Chomua, a menacé samedi les groupes armés de recourir à la force pour arrêter assassinats, lynchages et pillages qui se poursuivent à Bangui et en province en toute impunité.

De son côté, la présidente de transition Catherine Samaba Panza s'est rendue à Brazzaville pour s'entretenir avec son homologue congolais Denis Sassou Nguesso - médiateur dans le conflit centrafricain - de la crise sécuritaire et humanitaire dans son pays, à la veille de la nouvelle tournée dans la région du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, attendu dimanche au Tchad.

"Je demande à tous les hors-la-loi de déposer les armes, à tous les ex-FACA (forces armées centrafricaines, armée régulière) de rester cantonnés. Sinon, ils seront considérés comme des hors-la-loi, des bandits et trouveront en face d'eux les forces de la Misca pour mettre un terme à leurs agissements", a averti lors d'un point de presse le général camerounais Martin Tumenta Chomu. "Désormais, on aura des bilans (de victimes) et des bilans lourds", a-t-il menacé sans donner davantage de précisions.

Interrogé sur les exactions commises ces derniers jours à Bangui et en province par les milices chrétiennes anti-balaka, le général Tumenta Chomu les a qualifiées de "nébuleuse de hors-la-loi". Il a salué "les opérations menées par des soldats de la RD Congo qui ont permis de boucler certains quartiers de Bangui, de procéder à des rafles et de récupérer beaucoup d'armes".

Samedi, des soldats congolais de la Misca continuaient de fouiller des maisons, supposées appartenir à des anti-balaka, dans le quartier chrétien de Miskine, a constaté une journaliste de l'AFP qui a pu apercevoir plusieurs fusils saisis. Ce quartier jouxte celui du PK-5, au centre-ville, où des centaines de commerces appartenant en très grande majorité à des musulmans attisent la convoitise des anti-balaka et de pillards.

"Situation critique"



Face à ces violences sans fin, malgré la présence des 5.400 soldats de la Misca et des 1.600 soldats français de l'opération Sangaris, l'exode des musulmans de la capitale s'est encore poursuivi samedi avec un nouveau vol rapatriant des ressortissants tchadiens à N'Djamena. Pour sa première visite à l'étranger depuis son élection le 20 janvier par le parlement provisoire, Mme Samba Panza s'est elle rendue à Brazzaville.

Elle devait s'entretenir avec M. Sassou Nguesso des moyens de pacifier son pays, après des mois de tueries entre chrétiens et musulmans, qui ont amené le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé vendredi l'ouverture d'un "examen préliminaire", préalable à une enquête, sur des crimes "graves" commis en Centrafrique. "La situation est très difficile sur le plan sécuritaire. Sur le plan humanitaire, la situation est critique", a rappelé la présidente à son arrivée à Brazzaville.

Mme Samba Panza a succédé à Michel Djotodia, arrivé au pouvoir par les armes en mars 2013 à la tête de la coalition rebelle Séléka à dominante musulmane et contraint à la démission le 10 janvier pour son incapacité à mettre fin aux violences. Ces violences ont déplacé près d'un million de Centrafricains, sur une population totale de 4,6 millions d'habitants, provoquant une crise humanitaire sans précédent dans un pays parmi les plus pauvres du continent, malgré son potentiel agricole et minier.

A Bangui, 400.000 personnes, soit la moitié de la population de la ville, vit entassée dans des camps de fortune. Dans ce contexte de crise persistante, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian débute dimanche à N'Djamena une nouvelle tournée axée notamment sur la poursuite de l'action militaire de la France pour stabiliser la Centrafrique.

Après N'Djamena, il se rendra lundi et mardi en République du Congo puis mercredi à Bangui, où il rencontrera les forces françaises et africaines et s'entretiendra avec Mme Samba Panza et les autorités de transition. Paris entend ainsi affirmer son soutien aux autorités de transition, "à la fois pour la restauration des fonctions de base de l'Etat centrafricain et l'organisation d'élections dans les prochains mois", souligne le ministère de la Défense.
09022014
Jeuneafrique

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