Trois civils musulmans ont été assassinés par balle samedi à Bangui par une foule en colère, après l'arrêt du taxi qui les transportait près de l'aéroport.
Ces trois hommes se trouvaient dans un taxi samedi vers 08H30 (07H30 GMT) dans le quartier Combattant, près de l'aéroport. Le véhicule a été stoppé par une foule qui les a fait sortir pour les exécuter, ont raconté deux témoins. "C'était d'une violence inouïe, ils ont été exécutés froidement", a précisé un témoin.
Selon ces témoins, la foule massée sur la route qui mène à l'aéroport criait des slogans hostiles aux musulmans au moment des faits. Un porte-parole de l'armée française a confirmé à l'AFP que trois cadavres avaient été retrouvés dans le quartier Combattant où aucune tension apparente régnait quelques heures après ces assassinats.
Les troupes françaises positionnées à quelques centaines de mètres de là , au niveau du check-point d'entrée de l'aéroport Mpoko, sont intervenues avec des tirs de sommation pour empêcher que la foule ne s'en prenne aux corps, selon ce porte-parole, ajoutant : "Si nos hommes avaient pu intervenir pour éviter ce drame, ils l'auraient fait bien évidemment".
Un officier de la police de la force africaine en Centrafrique (Misca) a indiqué qu'il y avait eu un "incident" peu avant 08H30 et que des coups de feu avaient été tirés pour disperser la foule massée autour d'un taxi.
Les cadavres, emmenés à la morgue de l'hôpital communautaire de Bangui, portaient des traces d'impacts de balle et de coups de machette, a constaté un journaliste de l'AFP.
Tueries interreligieuses
Le cycle infernal des tueries interreligieuses en Centrafrique a été déclenché par des mois d'exactions contre les chrétiens, perpétrées en toute impunité par les combattants majoritairement musulmans de la Séléka qui avaient pris le pouvoir à Bangui en mars 2013. En réaction, des milices d'autodéfense majoritairement chrétiennes, les anti-balaka, se sont formées. Très rapidement, elles ont attaqué des civils musulmans, à Bangui notamment, entraînant un exode depuis décembre de dizaines de milliers d'entre eux. Lynchages et pillages que les soldats français de l'opération Sangaris et africains ne parviennent pas à faire cesser se poursuivent.
Ces crimes ont conduit la présidente de transition centrafricaine Catherine Samba Panza à annoncer une "guerre" contre les anti-balaka.
Face à la persistance des violences, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé jeudi à déployer très vite plus de soldats et de policiers en Centrafrique pour secourir les populations livrées aux crimes de bandes armées, particulièrement dans les zones où aucune force de l'ordre ni administration n'est présente. 23022014 Jeuneafrique
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