Le Parlement se prononce mardi sur la prolongation de l'opération Sangaris en Centrafrique, où les militaires français sont confrontés à une situation beaucoup plus complexe que prévu lors du lancement de l'intervention, début décembre.
Des débats qui s'annoncent animés en raison des difficultés sur le terrain, mais qui devraient se solder par un vote favorable des deux chambres. La mort accidentelle dimanche d'un troisième soldat français en RCA est venue rappeler les difficultés auxquelles sont exposés les quelque 2. 000 militaires déployés dans le pays.
Début décembre, le président François Hollande avait prédit une opération "rapide". Mais de l'avis même du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, "ça sera plus long que prévu".
Si le niveau de violence a en effet baissé à Bangui, le cycle des représailles entre chrétiens et musulmans a provoqué la fuite de dizaines de milliers de musulmans vers le nord et l'explosion de la criminalité provoquée par les groupes armés.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, défendra le bilan de l'opération vers 16H30 à l'Assemblée nationale et son intervention sera lue au Sénat par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Le vote est attendu en fin de journée.
La consultation du Parlement est prévue par la Constitution pour les opérations extérieures qui se prolongent au-delà de quatre mois. Sangaris ayant débuté le 5 décembre, le vote aurait dû intervenir fin mars-début avril, mais les travaux du Parlement seront suspendus à cette période en raison des élections municipales.
Au plus haut niveau, les militaires réclament la poursuite de l'opération pour consolider les progrès accomplis pour sécuriser le pays. Selon le commandant de Sangaris, le général Francesco Soriano, l'intervention française devrait se poursuivre, "jusqu'à ce que l'opération de maintien de paix (de l'ONU) prenne le relai".
Une opération sous casque bleu des Nations-Unies qui, selon les spécialistes, ne devraient pas se mettre en place au moins avant l'été. Et la présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, plaide pour sa part pour le maintien de Sangaris jusqu'aux élection en RCA prévues début 2015.
"Erreurs d'appréciation"
Plusieurs députés qui se sont rendus la semaine dernière à Bangui pointent des "erreurs d'appréciation" dans la préparation de l'opération et une "sous-estimation" du degrés de violence. Interrogations également sur le nombre de soldats français déployés, jugé globalement insuffisant, et le montant de la facture, dont la France doit pour l'instant s'acquitter seule. D'une manière générale, les parlementaires réclament une plus forte implication de l'Union Européenne et une accélération du processus des Nations-Unies pour déployer des casques bleus.
Au Sénat, où les débats qui relèvent de la défense sont relativement consensuels, la prolongation de l'intervention militaire devrait être votée sans trop de difficultés.
A l'Assemblée, les députés socialistes voteront également favorablement. Pour Jean-Paul Bacquet (PS), de retour de Bangui, il serait en effet "totalement irresponsable de voter le retrait".
Les élus communistes devraient quant à eux s'abstenir et les centristes de l'UDI s'orientent vers "un soutien avec réserve" de la prolongation.
Plus critiques, les élus UMP reprochent à l'exécutif d'avoir engagé la France dans une affaire "à haut risque" sans en mesurer les conséquences. "La France venait là pour rejouer le scénario de Serval (l'opération militaire au Mali) et elle doit faire face à un Kosovo africain. Sangaris n'était pas du tout formaté pour ça", souligne le député Yves Fromion, également de retour de Centrafrique, pour qui un vote contre serait cependant "déraisonnable".
L'opposition devrait donc se partager entre un soutien à la prolongation de Sangaris avec de fortes réserves, quelques votes contre et l'abstention. 25022014 Jeuneafrique
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