Maroc : Hollande appelle Mohammed VI pour désamorcer la crise diplomatique franco-marocaine
le 25/02/2014 15:54:48
Maroc

Image redimensionnéeRien ne va plus entre le Maroc et la France depuis le dépôt de plaintes à Paris contre un haut responsable marocain, en fin de semaine dernière. À tel point que le président Hollande a contacté Mohammed VI lundi soir pour tenter d'apaiser les choses...

L'heure est suffisament grave pour que François Hollande appelle personnellement Mohammed VI afin de clarifier la situation. Née la semaine dernière de plaintes déposées à Paris contre un haut responsable marocain, l'actuelle querelle diplomatique entre le Maroc et la France ne retombe décidément pas.

Depuis jeudi dernier et l'annonce du dépôt, par une ONG, de deux plaintes pour "complicité de torture" contre le patron de son contre-espionnage, Abdellatif Hammouchi, le royaume chérifien ne décolère pas. Les autorités marocaines sont particulièrement furieuses depuis la descente effectuée ce jour-là par sept policiers à la résidence de son ambassadeur pour notifier à Abdellatif Hammouchi, alors présent à Paris, une convocation émanant d'un juge d'instruction. Rabat reproche notamment à ses homologues français d'avoir ignoré les traditionnels canaux diplomatiques.

"Relations d'exception"

Dans un communiqué, le Quai d'Orsay a tenté samedi d'apaiser la tension, évoquant un "incident regrettable" et promettant que "la lumière" serait faite. Le Maroc a rapidement signifié qu'il jugeait cette démarche insuffisante et a décidé unilatéralement du "report" d'une visite de Nicolas Hulot, "envoyé spécial du président français pour la planète", prévue lundi et mardi.

Entre-temps, une autre polémique est venue alourdir l'atmosphère franco-marocaine : dimanche soir, les responsables marocains ont vivement dénoncé des propos prêtés à l'ambassadeur de France à Washington par l'acteur espagnol Javier Bardem, producteur d'un documentaire sur le Sahara occidental et bête noire de Rabat. En 2011, le diplomate français aurait affirmé à l'acteur que le Maroc était une "maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n'est pas particulièrement amoureux mais qu'on doit défendre". Le Quai d'Orsay a catégoriquement démenti, mais le royaume a fustigé des propos "scandaleux et inadmissibles".

Face à ces couacs en série, François Hollande a téléphoné lundi 24 février au soir à Mohammed VI, actuellement en tournée dans plusieurs pays africains. "À la lumière des clarifications apportées (...), les deux chefs d’État ont convenu de poursuivre les contacts durant les prochains jours au niveau des deux gouvernements, et d’œuvrer dans l’esprit des relations d’exception qui lient le Maroc et la France", a annoncé un communiqué du palais royal.

Aveux sous la torture

Plus tôt dans la journée, Paris avait déjà indiqué avoir reçu l'ambassadeur marocain en France, Chakib Benmoussa, pour poursuivre le "dialogue dans l'esprit d'amitié confiante qui lie" les deux pays.

Les deux plaintes "pour complicité de torture" à l'origine de cette crise émanent de l'ONG Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat). Le Maroc avait immédiatement rejeté les accusations et convoqué l'ambassadeur de France à Rabat. Lundi, l'Acat a pour sa part critiqué les promesses du Quai d'Orsay face au courroux marocain, estimant que "dans une démocratie" la diplomatie n'a "absolument pas le droit de s'immiscer dans le fonctionnement du pouvoir judiciaire".

L'une des deux plaintes a été déposée au nom d'un militant pour l'autodétermination du Sahara occidental, Ennaâma Asfari, condamné en 2013 à 30 ans de prison et qui dit avoir signé des aveux sous la torture. Dimanche, le dépôt d'une troisième plainte, pour "torture", a en outre été annoncée en France contre le patron du contre-espionnage marocain, par l'avocat d'un ancien sportif, Zakaria Moumni, condamné et détenu pendant 17 mois au Maroc entre 2010 et 2012.

(Avec AFP)
25022014
Jeuneafrique

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