La présidente centrafricaine de transition, Catherine Samba Panza, s'est insurgée samedi à l'occasion de la journée internationale de la femme contre les tueries et exactions dont sont victimes les musulmanes et les musulmans dans son pays en proie à des violences interreligieuses.
Quatre civils musulmans ont encore été assassinés vendredi à Bangui par des inconnus armés et leurs corps sauvagement mutilés, a-t-on appris samedi de source sécuritaire centrafricaine. "Il est profondément regrettable qu'en ce jour mémorable, nos soeurs musulmanes ne puissent être parmi nous, simplement parce qu'elles ont été agressées hier et qu'elles ont peur pour leur sécurité", a déclaré Mme Samba Panza, première femme de l'histoire de la Centrafrique à accéder à la présidence, lors d'une cérémonie à l'occasion du 8 mars tenue au palais de l'assemblée nationale et dont le thème était "le rôle de la femme centrafricaine dans la recherche de la paix".
"Nous ne pouvons continuer à encourager l'intolérance, la xénophobie et les actes ignobles contre nos frères et soeurs musulmans qui ont toujours vécu dans la plus parfaite harmonie dans le pays avec nous", a-t-elle poursuivi. "Les images de ces frères et soeurs, obligés de vivre confinés dans certains quartiers comme des prisonniers, ou de quitter notre pays par milliers, parce que certains ne les y acceptent plus et leur rendent la vie impossible, sont intolérables et ne nous honorent guère", a-t-elle commenté.
"Instrumentalisation de nos jeunes"
A propos de la situation dans la capitale, elle a estimé que "l'insécurité à Bangui baisse progressivement et significativement, malgré la manipulation et l'instrumentalisation permanente de nos jeunes par certains agitateurs, qui ne souhaitent pas la stabilisation de notre pays pour des intérêts personnels". Mais quatre civils musulmans ont encore été tués vendredi dans la ville, a-t-on appris samedi de source sécuritaire centrafricaine.
"Trois musulmans se rendant à l'aéroport de Bangui M'poko à bord d'un véhicule de la sûreté aéroportuaire ont été attaqués par des individus armés au quartier Combattant au moment d'une panne survenue à leur voiture. Les trois personnes ont été abattues par balle et leurs corps mutilés", a indiqué à l'AFP cette source sous couvert d'anonymat.
Proche de l'aéroport où sont basées les forces française Sangaris et africaine Misca, le quartier Combattant est l'un des plus dangereux de la capitale centrafricaine. Des bandes de pillards et des miliciens anti-balaka s'attaquent régulièrement aux musulmans qui passent dans le quartier. "Par ailleurs, un quatrième sujet musulman habitant le quartier Malimaka dans le 5è arrondissement a été attaqué par des individus qui l'ont lynché et découpé à la machette. Certaines parties de son corps, notamment ses mains, ont été portées par des jeunes faisant le tour du quartier", a ajouté la source sécuritaire.
Les corps des victimes ont ensuite été ramassés par la Croix-Rouge centrafricaine puis transférés à la mosquée Ali Baboro au PK-5, a-t-on précisé de source proche de la communauté musulmane. Elue en janvier pour succéder à Michel Djotodia, containt à la démission pour son incapacité à mettre fin aux tueries interreligieuses, Mme Samba Panza a fait du retour à la paix civile sa première priorité.
La Centrafrique s'est enfoncée dans un cycle de tueries interreligieuses, après des mois d'exactions essentiellement contre les chrétiens, perpétrées par les combattants majoritairement musulmans de la Séléka qui avaient pris le pouvoir à Bangui le 24 mars 2013. En réaction, des milices d'auto-défense anti-balaka se sont formées. Très rapidement elles ont attaqué sans distinction anciens rebelles et musulmans, à Bangui notamment. 09032014 Jeuneafrique
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