Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius a vomi à plusieurs reprises lundi, alors qu'un médecin légiste entamait la lecture du rapport d'autopsie de sa petite amie Reeva Steenkamp, qu'il a abattue de quatre balles le 14 février 2013.
Prostré dans le box des accusés, serrant sa tête entre les coudes, se tamponnant les yeux avec un mouchoir, l'athlète s'est senti mal alors que le médecin légiste Gert Saayman, à l'ouverture de la deuxième semaine du procès, décrivait les blessures fatales, montrant des photos de la victime qu'il a examinée au lendemain du drame.
"M. Roux, pouvez-vous vous occuper de votre client, je ne sais pas bien ce qui se passe", s'est inquiétée la juge Thokozile Masipa.
Oscar Pistorius, 27 ans, a ensuite hoqueté bruyamment, avant que le procureur Gerrie Nel ne suggère opportunément de s'arrêter pour déjeuner à 13H00 (11H00 GMT).
Les nombreux téléspectateurs qui suivent le procès en direct depuis une semaine n'ont pu assister à la scène, car le Pr. Saayman avait auparavant obtenu que la retransmission soit interrompue pendant son compte-rendu. L'interdiction prononcée par la juge Thokozile Masipa concerne les télévisions, les radios et les tweets des nombreux journalistes présents au tribunal de Pretoria.
"Je pense que la nature très personnelle des conclusions faites lors d'une autopsie, ainsi que les détails très crus (. . . ) ont le potentiel de compromettre la dignité de la personne décédée et (. . . ) je crois qu'il est de notre devoir de préserver la dignité de la victime", a expliqué le médecin légiste.
- "Tout va bien" -
La deuxième semaine du procès avait débuté lundi matin avec la suite de l'audition d'un garde de sécurité de la résidence de l'athlète, l'un des tout premiers à être arrivé sur les lieux après le meurtre de Reeva Steenkamp, un mannequin qui avait alors 29 ans, aux premières heures de la Saint-Valentin 2013.
Soumis par l'avocat de la défense Barry Roux à un contre-interrogatoire courtois mais serré, Pieter Baba est resté ferme sur sa version des faits, selon laquelle Oscar lui avait dit "tout va bien", juste après avoir tué son amie Reeva Steenkamp.
Il a maintenu avoir appelé l'athlète le premier, alerté par des voisins, quand bien même la défense a produit des relevés horaires des appels téléphoniques montrant le contraire.
"J'ai appelé M. Pistorius en premier. M. Pistorius m'a appelé après. (. . . ) Je suis celui qui a appelé en premier", a répété plusieurs fois ce témoin cité par le Parquet.
"M. Pistorius a appelé le premier et vous avez rappelé peu après", a rétorqué Me Roux.
"J'ai appelé M. Pistorius et M. Pistorius m'a dit +tout va bien+. Mais j'ai réalisé que M. Pistorius pleurait. Et la conversation a été coupée", a soutenu Pieter Baba, comme dans son premier témoignage de vendredi.
"M. Pistorius m'a rappelé, mais il pleurait, et la ligne a été à nouveau coupée. (. . . ) Madame, ce que j'ai dit à la Cour est la vérité", a-t-il ajouté, s'adressant à la juge Thokozile Masipa.
L'avocat de la défense a ensuite montré à la Cour la première déposition de Pieter Baba à la police peu après le drame. Le témoin y déclare que l'athlète lui a dit qu'"il (allait) bien", et non pas "tout va bien" comme dans une seconde déposition, prise plus tard quand un autre inspecteur a repris l'enquête à zéro.
Pieter Baba a répondu qu'il était "très fatigué" au moment où il a fait sa première déposition.
Oscar Pistorius risque une peine incompressible de vingt-cinq ans de prison si la préméditation est reconnue. Le Parquet soutient que les deux amants s'étaient violemment disputés avant les faits, et a produit le témoignage de voisins ayant entendu une femme appeler à l'aide avant les coups de feu fatals.
L'athlète, souvent décrit comme paranoïaque et craignant sans cesse pour sa sécurité, affirme au contraire qu'il s'agit d'une terrible méprise. Il dit avoir été pris de panique en entendant du bruit, et avoir tiré sur la porte des toilettes où il croyait qu'un cambrioleur était caché. Reeva Steenkamp s'y trouvait. 11032014 Jeuneafrique
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