Centrafrique : l'ONU commence son enquĂȘte sur les violations des droits de l'Homme
le 11/03/2014 11:15:24
Centrafrique

Une commission des Nations Unies va commencer Ă  enquĂȘter mardi en Centrafrique sur les violations des droits de l'Homme dans ce pays livrĂ© depuis prĂšs d'un an au chaos et aux tueries entre musulmans et chrĂ©tiens.

La commission, mandatée par le Conseil de sécurité de l'ONU et dirigée par le Camerounais Bernard Acho Muna, veut "mettre un terme à l'impunité" qui rÚgne dans le pays.

La Centrafrique est "un pays qui est en train de se vider de sa population musulmane", passée de 15% environ à 2% de la population totale, s'est alarmé lundi le conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU pour la prévention des génocides, le Sénégalais Adama Dieng.

Pour Bernard Acho Muna, juge Ă  la Cour SuprĂȘme du Cameroun et ancien procureur en chef adjoint du Tribunal pĂ©nal international pour le Rwanda, "un gĂ©nocide commence toujours avec de la propagande incitant Ă  la haine".

"Nous espĂ©rons que notre prĂ©sence et le fait que nous enquĂȘtions soient un signal pour que les gens orchestrant la propagande ne passent pas Ă  l'action", a-t-il dĂ©clarĂ©.

- 'Ă©tablir les faits' -

Depuis mars 2013 et le renversement de François Bozizé par la coalition rebelle Séléka de Michel Djotodia, des crimes massifs ont été commis, en toute impunité jusque présent, contre la population en Centrafrique.

Ces crimes - meurtres, viols, vols, incendies d'habitations - ont été pendant des mois l'apanage des combattants Séléka (majoritairement musulmans), à Bangui mais aussi en province.

L'émergence pendant l'été des milices d'auto-défense villageoises anti-balaka (majoritairement chrétiennes) a donné à ces crimes une nouvelle ampleur avec un cycle de représailles et contre-représailles menées par anti-balaka et Séléka contre les populations civiles, avec des massacres et des villages incendiés.

Depuis décembre et les tueries de masse dans la capitale, les anti-balaka avec dans leur sillage des bandes de pillards s'en prennent systématiquement aux civils musulmans, contraints à l'exode, sur fond de "nettoyage ethnique" selon Amnesty International. Des bandes armées issues de l'ex-Séléka continuent elles aussi à semer la terreur dans des localités de province.

Au total, les violences intercommunautaires ont fait des milliers de morts et un quart des 4,6 millions de Centrafricains sont déplacés, provoquant une situation humanitaire désastreuse.

ParallĂšlement Ă  la commission d'enquĂȘte de l'ONU, la Cour pĂ©nale internationale (CPI) s'est elle aussi emparĂ©e du dossier centrafricain. Le 7 fĂ©vrier, le procureur de la CPI a annoncĂ© l'ouverture d'un "examen prĂ©liminaire", prĂ©alable Ă  une enquĂȘte, sur des crimes "graves" commis en RĂ©publique centrafricaine.

Bernard Acho Muna a relevé que la situation en République centrafricaine "est unique, elle est caractérisée par l'effondrement de l'ordre public, le vide du pouvoir, l'absence d'autorités de police et judiciaires".

La commission d'enquĂȘte est composĂ©e de trois personnes. Outre le prĂ©sident, elle comprend Fatima M'Baye, prĂ©sidente de la commission mauritanienne pour les droits de la femme et vice-prĂ©sidente de la FĂ©dĂ©ration internationale des droits de l'homme, et Jorge Castaneda, ancien ministre des Affaires Ă©trangĂšres du Mexique.

Les enquĂȘteurs doivent rester au total deux semaines en Centrafrique, dont trois jours Ă  Bangui. Elle se rendra dans le pays "partout oĂč c'est nĂ©cessaire pour Ă©tablir les faits", a dit son prĂ©sident.

Elle doit rencontrer les autorités gouvernementales, les autorités locales, les chefs de villages, les représentants d'ONG, les commandants des troupes françaises et de la Mission de l'ONU et de l'Union africaine, et se rendre dans les camps de déplacés et de réfugiés.

Elle remettra un premier rapport au Conseil de sécurité de l'ONU en juin prochain.
11032014
Jeuneafrique

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