Libye : Kadhafi ne figure pas sur la liste des cibles de la coalition
le 21/03/2011 19:40:25
Libye

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Xinhua
TRIPOLI/BEIJING, 21 mars (Xinhua) -- Un bâtiment situé dans l'enceinte du complexe résidentiel du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, à Tripoli, a été détruit dimanche par un tir de missile, mais les responsables américains ont affirmé que le leader ne figurait cependant pas sur leur liste de cibles.

Le bâtiment, situé à proximité de la tente où le colonel avait l'habitude de recevoir ses hôtes distingués, a été détruit, a rapporté la chaîne de télévision nationale libyenne.

Cette attaque contre le complexe, dont le périmètre est protégé par des canons anti-aériens, est intervenue lors de la deuxième journée d'une opération militaire menée par des navires de guerre et des avions de combat américains, français et britanniques pour mettre en place une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Libye, sous le mandat des Nations Unies. Personne n'a été blessé dans l'attaque, a affirmé le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, qui a refusé de révéler si M. Kadhafi se trouvait toujours dans le complexe.

Il s'agit "d'un bombardement barbare qui aurait pu toucher des centaines de civils rassemblés dans la résidence de Mouammar Kadhafi, en signe de soutien au dirigeant libyen", a déclaré M. Ibrahim.

M. Ibrahim a également dénoncé les "contradictions dans les discours occidentaux". "Les pays occidentaux disent qu'ils veulent protéger des civils alors qu'ils bombardent la résidence en sachant qu'il y a des civils à l'intérieur", a-t-il ajouté.

Les autorités libyennes ont fait savoir qu'au moins 64 Libyens avaient été tués et 150 autres blessés par les missiles et les bombes qui se sont abattus sur la Libye le week-end dernier. Les forces de la coalition assurent elles ne pas viser les civils.

Interrogé sur la rumeur, selon laquelle M. Kadhafi en personne était visé par cette opération, le vice-amiral Bill Gortney, directeur de l'état-major militaire américain, a indiqué, lors d'une conférence de presse au Pentagone, que celui-ci ne "figure pas sur la liste des cibles".

Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates a également souligné l'importance d'agir dans le cadre de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et s'est abstenu d'"ajouter des objectifs supplémentaires".

"Je pense qu'il est imprudent d'établir des objectifs que vous pourrez ou pas atteindre", a-t-il indiqué lors d'un déplacement en Russie.

Par ailleurs, le vice-amiral américain Gortney a fait remarquer que les frappes du week-end avaient "dégradé de façon notable" les capacités de défense aérienne libyenne et qu'une zone d'exclusion aérienne couvrant environ un tiers du territoire libyen avait été mise en place.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, le Canada, l'Italie, la Belgique et le Qatar ont participé à l'opération militaire, a-t-il précisé, ajoutant que la coalition n'avait perdu aucun avion au cours de ses missions.

Considérant les attaques comme "une guerre déclenchée par des croisés" contre la population libyenne, le colonel Kadhafi a fait savoir que les raids aériens étaient "des moyens terroristes" et que son pays arracherait la victoire face aux forces d'intervention.

Pourtant, un porte-parole de l'armée libyenne a annoncé dimanche soir que les forces du gouvernement libyen avaient décidé d'observer un cessez-le-feu à partir de 09h00 heure locale (19h00 GMT), à l'issue d'un appel lancé par l'Union africaine pour un arrêt immédiat des violences.

Cependant, on entendait toujours des coups de fusils à Benghazi, ville portuaire dans l'est de la Libye, bastion majeur des rebelles, après l'entrée en vigueur de la trêve, a indiqué un témoin.

Washington a accusé Tripoli d'avoir menti sur le cessez-le-feu et de l'avoir immédiatement violé. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lui exhorté "les autorités libyennes à tenir [leur] parole".

"Tout le monde se rappellera que le colonel Kadhafi a déclaré ces derniers jours un cessez-le-feu qui a été rapidement violé", a affirmé un porte-parole du gouvernement britannique, en réponse à l'annonce libyenne concernant la trêve.

Le gouvernement libyen avait déclaré vendredi dernier un cessez-le-feu après que le Conseil de sécurité de l'ONU eut adopté la veille une résolution donnant le feu vert à l'utilisation de toutes les mesures nécessaires, dont la création d'une zone d'exclusion aérienne, pour protéger les civils libyens. Mais, la trêve n'avait pas été respectée.

DES VOIX ANTI-GUERRE

Le président vénézuélien Hugo Chavez a condamné dimanche les raids aériens menés par la coalition occidentale, qui ont occasionné de nouvelles victimes en Libye et accusé les pays d'intervention d'être "impérialistes".

"Ils lâchent des bombes et ces bombes tombent n'importe où, sur un hôpital ou une habitation. Ce sont des bombardements de nature impérialiste et sans discernement", a dénoncé le président Chavez dans une émission radiotélévisée.

M. Chavez s'est dit samedi opposé à ces attaques, les qualifiant d'"irresponsables" car elles font encore davantage de morts en Libye. Il a indiqué qu'il s'agissait simplement d'un prétexte pour l'Occident afin de "contrôler" le pétrole dans ce pays.

Le gouvernement cubain a publié dimanche une déclaration pour exprimer sa "forte condamnation" de l'intervention militaire étrangère en Libye et mettre en relief le "droit inaliénable du peuple libyen à l'autodétermination sans ingérence extérieure".

Dimanche, environ 400 personnes se sont rassemblées à Barcelone, en Espagne, pour protester contre l'intervention militaire multinationale en Libye. "Pas plus de sang pour le pétrole" était l'un des slogans scandés par les manifestants.

Les attaques militaires ont entraîné des dégâts collatéraux et les bombes sont parfois tombées sur des bâtiments civils au lieu d'installations militaires, a déploré Pere Ortega, l'un des organisateurs de la manifestation.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a critiqué dimanche l'intervention militaire de la coalition internationale en Libye.

La Ligue arabe (LA), qui avait appuyé l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne, a également affiché son opposition. "Ce qui s'est passé en Libye diffère de l'objectif d'imposer une zone d'exclusion aérienne en Libye. Ce que nous voulons, c'est protéger les civils, pas de bombarder les autres", a affirmé M. Moussa.

"Dès le tout début, ce que nous avons requis, c'était d'instaurer une zone d'interdiction aérienne destinée à protéger les civils libyens, évitant d'autres évolutions ou les mesures supplémentaires", a-t-il indiqué, appelant à la tenue d'une réunion d'urgence de la Ligue arabe pour discuter de la situation en Libye.

La Russie a également appelé à la fin "du recours à la force sans discernement" par les forces d'intervention, et la Chine a exprimé ses regrets vis-à-vis des attaques aériennes, réaffirmant son opposition à l'utilisation de la force dans le traitement des relations internationales.

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