À quarante-huit heures du scrutin présidentiel prévu le 17 avril en Algérie, les voix s'élèvent déjà pour dénoncer la fraude en faveur d'Abdelaziz Bouteflika, le président sortant.
La présidentielle algérienne du 17 avril est-elle jouée d'avance ? À en croire certains opposants d'Abdelaziz Bouteflika, tout indique que le "système" s'apprête à offrir au président sortant un quatrième mandat, coûte que coûte.
À deux jours du scrutin, "les signes de la fraude sont perceptibles", a déclaré, le 15 avril, Abderezak Mokri, leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP), lors d'une conférence de presse à Alger. Pour cet ancien allié de la coalition au pouvoir, "Abdelaziz Bouteflika ne peut pas gagner sans la fraude". Et pour relever toutes les irrégularités le jour du vote, le chef islamiste, qui appelle au boycott de la présidentielle du 17 avril, a prévu de déployer des équipes de son parti dans tous les bureaux de vote.
Malgré sa détermination à surveiller le déroulement de la présidentielle, Abderezak Mokri ne doute pas une seconde de l'issue du scrutin. "Les élections seront truquées et le président sera élu pour un quatrième mandat", avance-t-il, pariant toutefois sur les divergences qui ne manqueront pas, selon lui, d'apparaitre "au sein du pouvoir, après les élections, sur qui va gouverner à la place du président malade".
Benflis : "La fraude a déjà commencé"
Même son de cloche, ou presque, du côté d'Ali Benflis. Dans une interview accordée mardi au Monde, l'ancien Premier ministre algérien a également affirmé que "la fraude a déjà commencé". "Quand j’ai déposé mon dossier de candidature au Conseil constitutionnel, j’ai produit les deux conditions requises, bien qu’une seule soit nécessaire : la signature de 600 élus et de 60 000 citoyens, et bien plus même. Le président-candidat, nous dit-on, en a fourni 4 millions, réunies en quarante-huit heures… C’est impossible. On a pris les listes d’état civil des communes et on s’est mis à les reproduire à l’insu des intéressés. Si cela se trouve, il se pourrait même que j’y figure ! Des élèves sont revenus chez eux avec des formulaires d’inscription. On a même instrumentalisé l’école", assure-t-il.
Mais Ali Benflis prévient : "Si la fraude gagne, si je ne suis pas élu et qu'il n'y a pas de second tour, je ne reconnaîtrai pas ces élections programmées." Contestera-t-il légalement les résultats du scrutin ? "Je suis un homme politique, un pacifiste. Mais je ne peux pas dire à tous mes soutiens d'accepter la fraude. Ce sera au pouvoir de les convaincre", conclut-il, soulignant que la jeunesse algérienne est "décidée à vivre dans une démocratie". 16042014 Jeuneafrique
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