Le chef du gouvernement tunisien Mehdi Jomaa a appelé mardi les députés à éviter les controverses sur la normalisation des relations avec Israël à l'approche du pèlerinage juif de la Ghriba, essentiel selon lui pour relancer le tourisme.
Des élus de l'Assemblée nationale constituante (ANC) ont récemment annoncé vouloir auditionner la ministre du Tourisme Amel Karboul ainsi que le ministre délégué à la sécurité, Ridha Sfar, au sujet de l'entrée de touristes israéliens en Tunisie.
La question est sensible en Tunisie comme dans la plupart des pays arabes, où la normalisation des relations avec Israël est taboue.
Il faut "faire réussir la saison touristique parce que (. . . ) le tourisme est l'une des activités qui amènent du cash tout de suite", a déclaré M. Jomaa, dont le pays traverse une crise économique depuis la révolution de janvier 2011.
Et "de l'avis des professionnels du tourisme (. . . ), pour que la saison touristique réussisse, il faut que le rendez-vous de la Ghriba soit réussi", a-t-il ajouté à l'ouverture d'une conférence économique en référence au pèlerinage juif qui se tient en mai sur l'île de Djerba (sud).
"Soyons francs: normalisation, pas normalisation, laissons de côté ces grandes causes s'il vous plaît", a lancé le chef du gouvernement à l'adresse des élus.
"Arrêtons de tourner autour du pot", a-t-il ajouté. "C'est une tradition connue chez nous, il y a des procédures suivies depuis des années (. . . ) par tous les gouvernements".
En mars, des touristes israéliens avaient été interdits d'entrée en Tunisie lors d'une escale au port de La Goulette, au nord de Tunis. Leur croisiériste avait accusé la Tunisie de "discrimination", ce que la ministre du Tourisme a démenti en évoquant un problème de visa.
Le Premier ministre s'est engagé mardi à la "transparence" sur les procédures d'entrée de ces touristes, en promettant qu'elles seraient consignées par écrit pour qu'il n'y ait plus de confusion.
La Tunisie a entretenu des relations étroites avec les Palestiniens, accueillant notamment de 1982 à 1994 le quartier général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
En 1996, la Tunisie et Israël avaient ouvert des "bureaux d'intérêts" à Tel-Aviv et Tunis, mais en octobre 2000, Tunis a gelé ces relations en protestation contre la répression de l'Intifada.
Lors de sa nomination, la ministre du Tourisme a dû faire face à de vives critiques parce qu'elle s'était rendue par le passé en Israël pour des raisons professionnelles. 23042014 Jeuneafrique
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