Malgré des investissements colossaux, l'Angola, deuxième producteur de pétrole du continent africain, peine à atteindre les 2 millions de barils de pétrole par jour, un seuil qui lui permettrait de supplanter le Nigeria.
La pression est forte pourtant sur l'industrie du pétrole, vitale pour l'Angola. L'or noir, situé majoritairement en mer au large de l'enclave de Cabinda et de la capitale Luanda, représente 45% de son produit intérieur brut et plus de 80% des recettes de l'Etat.
"Les nouvelles mises en production lancées cette année et l'an prochain ne permettront pas d'atteindre les 2 millions de barils car, en parallèle, les anciens champs pétroliers produisent moins", explique José de Oliveira, un consultant indépendant.
Alex Vines de l'institut londonien Chatham House évoque également "des problèmes techniques (. . . ) en particulier dans les blocs très profonds".
En 2013, l'Angola a produit 1,71 million de barils par jour (mbj), un chiffre en baisse de 1,1% par rapport à l'année précédente. Une contre-performance d'autant plus décevante qu'elle contrastait avec la hausse de 4,5% de la production enregistrée entre 2011 et 2012.
Pour justifier ce revers, la compagnie nationale de pétrole Sonangol a expliqué avoir été confrontée à une série d'incidents techniques qui ont entraîné une chute de la production, notamment en novembre.
"Nous attendons des directeurs généraux de Chevron, Total, BP et Esso qu'ils nous fournissent des explications détaillées sur ce qui s'est passé en novembre dans les champs qu'ils opèrent", a déclaré en février Francisco de Lemos, le président de Sonangol.
Un rappel à l'ordre pas toujours bien accueilli: en cas d'incident, l'exécution de travaux ou l'arrivée d'équipements techniques sur les plateformes doivent être validés par Sonangol, qui tarde souvent à le faire, se défendent les compagnies pétrolières.
- Des centaines de nouveaux puits -
Depuis la fin de la guerre civile en 2002, le pays utilise ses revenus pétroliers pour reconstruire ses infrastructures, ce qui lui permet d'afficher un fort taux de croissance, de 10% en moyenne sur la dernière décennie.
Pour maintenir ce rythme, l'Angola doit produire toujours plus de pétrole et donc investir massivement. En février 2013, Francisco de Lemos a annoncé un plan d'investissement de 8,8 milliards de dollars sur dix ans pour lancer "des centaines" de nouveaux puits d'exploration.
Les opérateurs pétroliers étrangers, de plus en plus nombreux dans le pays, suivent le mouvement. De nouveaux venus s'installent (Repsol, Maersk, Cobalt) quand les acteurs historiques renforcent leur position, comme Total qui vient de lancer le nouveau projet Kaombo, dans lequel 16 milliards de dollars doivent être investis.
Cet engouement fait dire aux autorités angolaises que la barre symbolique des 2 mbj, la production actuelle du Nigeria, sera bien franchie en 2015.
"Rien que cette année, deux nouveaux champs, un dans le bloc 17 (CLOV de Total) et un dans le bloc 15/06 (opéré par ENI), vont être mis en production", souligne Francisco de Lemos.
Dans le même temps, des enchères ont été ouvertes pour l'attribution de blocs on-shore et la prospection bat son plein dans les champs ultra-profonds du bassin de la Kwanza, au large de Luanda.
Le norvégien Statoil et l'américain ConocoPhillips y ont lancé un plan d'exploration de 3 milliards de dollars dans l'espoir de trouver un gisement géant.
De nouvelles découvertes permettraient à l'Angola d'accroître ses réserves, estimées aujourd'hui à 12,7 milliards de barils, les troisièmes du continent après les 48 milliards de la Libye et les 37,2 milliards du Nigeria.
L'Angola avait brièvement été premier producteur africain en 2008, avant d'être dépassé par le Nigeria.
"Dans tous les cas, il sera difficile pour l'Angola de dépasser un jour le Nigeria, qui a beaucoup plus de réserves et une capacité de production actuellement supérieure", note José de Oliveira.
"L'Angola n'a pas intérêt à viser une production record. Il serait préférable de la maintenir entre 1,7 et 1,9 mbj et de conserver ce niveau le plus longtemps possible afin de gérer au mieux les recettes", ajoute le consultant. 29042014 Jeuneafrique
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