Depuis début avril, une vaste opération d'expulsion vise les ressortissants de RDC installés au Congo voisin. Les autorités de Kinshasa parlent désormais de plusieurs dizaines de milliers de rapatriements.
Les expulsions de ressortissants de République démocratique du Congo (RDC) installés au Congo-Brazzaville se poursuivent. Mardi 29 avril, des centaines de Congolais ont de nouveau afflué afflué au Beach Ngobila, le port de Kinshasa.
En début d'après-midi, la troisième barge de la journée assurant la traversée du fleuve Congo entre les capitales des deux pays a déversé un nouveau flot de passagers. Gens de tous âges partis avec le maximum de choses (matelas, vaisselle, effets personnels) ou au contraire ayant tout abandonné, la foule est ensuite conduite en bus spécialement affrétés par les autorités locales pour une identification et une assistance offerte à la maison de la commune de Kinshasa, l'une des mairies d'arrondissement de la mégalopole kinoise. La foule se partage entre Congolais expulsés par les autorités de Brazzaville et ceux qui ont décidé de partir d'eux-mêmes.
Proche de la barre des 40 000 expulsions
Les rapatriements se succèdent quotidiennement depuis que les autorités du Congo-Brazzaville ont lancé, le 3 avril, l'opération policière "Mbata ya bakolo" ("La gifle des aînés", en lingala) visant les étrangers en situation irrégulière dans le pays, mais tout particulièrement les Congolais de l'ancien Zaïre, officiellement après une recrudescence de la délinquance violente.
Selon un agent de la Direction générale de migration à la maison communale de Kinshasa, près de 30 000 retours ont été dénombrés samedi, et les arrivées, depuis ce jour, se succèdent à une rythme quotidien d'environ 3 000 rapatriements. Lundi, le gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta, avait indiqué que l'on approchait de la barre des 40 000 expulsions.
Mercredi, la Voix des sans Voix, l'une des principales ONG de défense des droits de l'Homme à Kinshasa, avait accusé le Congo d'expulser de façon "barbare" des ressortissants de la RDC clandestins ou soupçonnés de banditisme, parlant de "traitements cruels, inhumains ou dégradans", et dans certains cas de "viols, extorsions de biens et brimades".
Hostilité vis-à -vis des "Zaïrois"
Le porte-parole du gouvernement de Brazzaville n'avait pas pu être joint mardi pour donner l'estimation officielle des retours de ressortissants de la RDC depuis le 3 avril. Officiellement, la police congolaise reconnaît qu' il y a eu quelques bavures, et 17 de ses membres ont été radiés pour leur agissements pendant l'opération. Selon la préfecture de police, 500 jeunes gens qui étudiaient à Kinshasa sont rentrés à Brazzaville il y a quelques jours par crainte de représailles.
Tous les nouveaux arrivants aux Beach de Kinshasa n'ont pas été expulsés. Beaucoup racontent avoir fui le pays voisin à cause du climat de défiance ou d'hostilité vis-à -vis des "Zaïrois" qui règne sur l'autre rive, et qui a été exacerbé selon eux depuis le retour de ces étudiants.
La RDC est l'un des pays les plus pauvres du monde et le Congo-Brazzaville, un peu plus développé, offre l'espoir d'une vie meilleure. Plusieurs dizaines de milliers de ressortissants de la RDC vivent en République du Congo, pays dont la population avoisine les quatre millions d'habitants. A Brazzaville, ils exercent toutes sortes de métiers peu qualifiés : vendeurs à la sauvette, cordonniers ambulants, éboueurs, chauffeurs de taxi, receveurs de bus...
(Avec AFP) 30042014 Jeuneafrique
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