Le syndicat radical Amcu, qui mène une grève depuis le 23 janvier dans la plupart des mines sud-africaines des trois principaux producteurs mondiaux de platine, a une nouvelle fois rejeté lundi une offre des employeurs.
"Nos membres ont rejeté l'offre", a indiqué à la presse le président d'Amcu Joseph Mathunjwa, appelant "les forces progressistes à faire pression sur les employeurs pour qu'ils acceptent les revendications" de son syndicat.
"Nous appelons le cartel du platine à être patriotique. Seul un règlement honorable pourra mettre fin à la grève", a-t-il ajouté à l'attention d'Anglo American Platinum (Amplats), Impala Platinum (Implats) et Lonmin.
Amcu réclame depuis le début un salaire de base de 12. 500 rands (860 euros) mensuels, hors primes. Sans bouger sur le fond, le syndicat a accepté d'étaler l'augmentation sur quatre ans, ce qui selon les patrons correspondrait à 30% de plus par an.
M. Mathunjwa a relevé lundi que les 4. 500 rands actuellement gagnés par une bonne partie des mineurs noirs correspondait au salaire des employés blancs des mines en 1987.
Les trois groupes ont proposé d'arriver à une somme minimum pour les mineurs de fond, primes de logement et congés payés compris, de 12. 500 rands par mois d'ici juillet 2017.
"La grève continue depuis trop longtemps. La grève n'aide pas les travailleurs. (. . . ) Dans toute négociation, il faut être prêt à faire des compromis", a estimé lundi le président sud-africain Jacob Zuma, ajoutant sa voix aux nombreux appels à mettre fin au mouvement.
"Vous ne pouvez pas continuer une grève qui à la fin va leur faire perdre leur emploi", a-t-il soupiré à l'adresse du syndicat, alors que les employeurs menacent de restructurations.
La grève est légale, lui a répondu Joseph Mathunjwa, rejetant toute pression.
Les trois groupes ont pris acte de la décision --attendue-- d'Amcu, qu'ils jugent "décevante", et ont fait savoir qu'ils continueraient à approcher directement leurs employés, dont une bonne partie sont rentrés depuis janvier dans leurs lointaines provinces, pour leur expliquer leur offre.
"Malheureusement, les entreprises ont reçu des retours d'un grand nombre d'employés qui préfèreraient accepter l'offre et retourner au travail, mais beaucoup d'entre eux ont peur en raison de menaces pour leur sécurité personnelle", ont-ils écrit dans un communiqué commun.
"Les équipes de sécurité des entreprises ont établi des rapports sur des dizaines d'incidents de menaces physiques par des individus masqués ou par les meneurs de grève d'Amcu lors de réunions, à l'encontre de groupes ou d'individus qui sont au travail ou pourraient envisager un retour au travail", ont-ils détaillé.
"Il y a eu de nombreuses agressions perpétrées à l'encontre d'employés au travail ou se rendant au travail. Si des plaintes ont été déposées, il n'y a malheureusement eu qu'un nombre limité d'arrestations", ont regretté les trois groupes.
Le mouvement a déjà coûté 7,3 milliards de rands (500 millions d'euros) au total aux employés, et 16,4 milliards (1,1 milliard d'euros) aux industriels en production perdue, selon les trois groupes.
Les quelque 80. 000 grévistes ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, et un centre commercial de Rustenburg (nord) a été pillé le 28 avril.
La grève a été émaillée d'incidents divers, incendies de maisons et de voitures, d'un local de l'ANC au pouvoir en Afrique du Sud, et intimidation de non-grévistes. 06052014 Jeuneafrique
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