Le blogueur tunisien Azyz Amami, rendu célèbre par la révolution de 2011, a bénéficié d'un non-lieu vendredi à l'issue de son procès pour détention de cannabis, une affaire fabriquée de toutes pièces par la police selon l'accusé.
Le bureau du greffe a indiqué à l'AFP que le juge avait "prononcé un non-lieu" en faveur de M. Amami et l'un de ses amis et co-accusé à l'issue d'une journée de procès lors duquel le blogueur a vivement critiqué les policiers.
"Je ne détenais pas de matière stupéfiante, je n'avais rien du tout. J'ai été arrêté et agressé" par les policiers, a-t-il dit au juge du tribunal de Tunis.
Le magistrat lui a demandé alors s'il accusait la police d'avoir glissé le cannabis sur lui, ce à quoi l'accusé a répondu "oui monsieur". M. Amami a refusé de se soumettre à un test de dépistage de cannabis, estimant que cela porterait "atteinte à son intégrité".
Il a souligné que dans ses écrits avant et après la révolution il avait l'habitude de dénoncer les exactions des policiers. Il a rappelé avoir accusé les agents de La Goulette, banlieue tunisoise où le blogueur a été arrêté dans la nuit du 12 au 13 mai, d'avoir incendié leur propre commissariat durant la révolution.
M. Amami et son ami risquaient de un à cinq ans de prison pour "détention et consommation de stupéfiants".
"La justice a montré que Aziz Amami n'est pas un criminel. Une partie de la justice (tunisienne) a montré qu'elle était indépendante", a réagi après l'annonce du jugement Me Ghazi Mrabet, l'un des avocats de la défense.
Les partisans du blogueur ont manifesté toute la journée par dizaines devant le palais de justice pour le soutenir. "Azyz est l'otage d'un système judiciaire et sécuritaire (...) Azyz est un ennemi de la police, ils l'ont agressé, ils ont tout fabriqué", a dénoncé son père, Khaled Amami.
Azyz Amami, suivi par des dizaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, avait déjà été emprisonné dans les derniers jours du régime de Ben Ali après avoir relaté en détails les événements de la révolution.
Il a aussi raconté avoir été interpellé et passé à tabac par des policiers en septembre 2011, en estimant qu'il s'agissait d'une vengeance après une blague publiée en ligne et jugée insultante par les forces de l'ordre.
La loi relative aux stupéfiants est très rigide en Tunisie, car elle impose des peines de prison ferme quelles que soient les circonstances. Depuis plusieurs mois, un collectif milite pour une réforme à laquelle le Premier ministre Mehdi Jomaa s'est dit favorable, estimant que la loi n'était "plus en phase avec l'époque".
Quelque 50% des personnes en détention provisoire en Tunisie et environ un tiers des condamnés ont été arrêtés en lien avec des affaires de stupéfiants, surtout le cannabis, selon des chiffres de l'ONU. 2452014 Jeuneafrique
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