Des responsables de la société civile de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), opposés au cantonnement dans leur région de rebelles hutu rwandais accusés de génocide, ont été détenus quelques heures vendredi sans pouvoir s'exprimer publiquement sur le sujet.
"Je suis libéré. Je suis très bien, bien que j'aie eu mon pantalon un peu déchiré, que j'aie des plaies sur le coude (. . . ) Pour l'instant, je suis en liberté", a déclaré à l'AFP Thomas d'Aquin Muiti, président de la Société civile du Nord-Kivu, un mouvement regroupant des associations, ONG et syndicats.
Il s'exprimait vers 16H30 (14H30 GMT), alors qu'il sortait du "cachot de mairie de Goma", la capitale du Nord-Kivu (est).
"Le chef national de l'ANR (Agence nationale de renseignements) en mission à Goma s'est investi personnellement dans le dossier jusqu'à récupérer lui-même notre collègue du cachot", a indiqué la Société civile dans un communiqué vendredi soir.
Vendredi matin, trois femmes de la Société civile, dont la deuxième vice-présidente Justine Masika, et M. Muiti avaient été arrêtés à Goma, avait annoncé dans un communiqué Omar Kavota, porte-parole du mouvement.
Mme Masika a précisé à l'AFP que seul M. Muiti avait été réellement arrêté et que les trois femmes, dont elle-même, l'avaient accompagné au "commissariat" pour le soutenir.
L'arrestation s'est produite quand "on voulait faire une déclaration sur le cantonnement des FDLR", les Forces démocratiques de libération du Rwanda, avait-elle raconté à l'AFP peu après l'incident.
Les femmes devaient lire aux journalistes une "déclaration à travers laquelle elles s'opposent à tout cantonnement des FDLR dans les territoires congolais où (les rebelles) se sont illustrés par de crimes de viols, meurtres, pillages contre les civils", souligne M. Kavota.
D'après M. Muiti, les femmes pourraient "revoir un peu le style" de leur déclaration pour qu'elle choque moins les autorités.
Réfugiés dans l'est de la RDC, les rebelles hutu rwandais des FDLR sont accusés d'avoir participé au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, qui a fait au moins 800. 000 morts, selon l'ONU.
Le 18 avril, les FDLR avaient annoncé vouloir se séparer d'"ex-combattants importants" afin de "se consacrer à la lutte politique" au Rwanda, qui refuse tout dialogue avec eux. Vendredi dernier au Nord-Kivu, près de 100 hommes s'étaient rendus, mais aucun des chefs recherchés par la justice nationale ou internationale.
D'ici fin juin, Kinshasa espère que 1. 400 rebelles - ils seraient entre 1. 500 et 4. 000, selon les sources - se seront rendus dans les Nord- et Sud-Kivu.
Les ex-FDLR devront dans un premier temps transiter dans des sites hors de leur zone d'influence, avant de choisir de "retourner au Rwanda ou demander asile", selon le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku.
"L'idéal serait de ramener immédiatement ces citoyens rwandais dans leur pays d'origine. Nous comptons sur la compréhension des autorités congolaises et celles de la région", avait réagi jeudi dans un communiqué la Société civile du Nord-Kivu.
La Société civile prévoit de faire une déclaration publique samedi pour condamner le "comportement barbare" subi par son président. 07062014 Jeuneafrique
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