Les autorités centrafricaines ont procédé dimanche à une journée de désarmement volontaire à Bangui dans l'espoir d'y faire baisser la violence mais la collecte des grenades, machettes, munitions et armes artisanales est restée modeste au vu de la prolifération des armes dans la capitale, a constaté l'AFP.
La journée de désarmement volontaire décrétée par le Premier ministre André Nzapayéké a commencé à 08h00 (07H00 GMT) et devait se poursuivre jusqu'à 15h00 dans les mairies des huit arrondissements de Bangui et de deux communes limitrophes, Begoua et Bimbo.
A 10h, dans le quartier du PK-5, où vivent terrés les derniers musulmans de la capitale, une trentaine de grenades chinoises, une vingtaine de machettes, quelques armes artisanales, des munitions de kalachnikov avaient été récupérées à la mairie d'arrondissement.
Ali Yerima avait acheté 5 grenades le 5 décembre 2013 quand les anti-balaka, les milices chrétiennes, ont mené une attaque d'envergure visant les ex-rebelles Séléka et plus généralement les musulmans de la ville. Il dit en avoir utilisé quatre depuis. Il en rapporte une, ainsi que trois machettes et deux couteaux.
"Je les rapporte parce que je veux la paix", dit-il.
S'il y a une nouvelle attaque des anti-balaka contre l'enclave musulmane, "j'irai voir les Burundais (qui sécurisent le quartier au nom de la force africaine de la Misca) ou le maire" pour obtenir une protection, explique Ali Yerima.
"C'est timide", a reconnu le ministre des Finances RĂ©my Yakoro, venu sur place pour constater la mobilisation des Banguissois.
"Nous mettons l'accent sur l'esprit volontariste des gens mais certains ne veulent pas rapporter les armes comme ça, en plein jour".
A Boy-rabé, fief anti-balaka, la collecte était encore plus décevante. Seule une cartoucherie remplie de munitions de mitrailleuse lourde, et une douzaine de munitions de 14-5 avaient été rapportées en milieu de matinée dimanche.
"Ca se passe bien mais le dispositif militaire fait peur aux gens", a souligné sur place Denis Wangao Kizimale, ministre de la Sécurité publique en pointant les soldats français venus patrouiller devant la mairie.
Les armes collectées seront ensuite récupérées par les forces africaines de la Misca et françaises de Sangaris qui sont en charge du désarmement des groupes armés.
Le Premier ministre, M. Nzapayéké, avait jugé que les armes étaient "partout" dans Bangui, à l'occasion d'une visite de plusieurs quartiers samedi.
Bangui a connu un regain de violences après l'attaque de l'église Fatima le 28 mai, au cours de laquelle 17 personnes ont été tuées.
Plus généralement, depuis la prise de pouvoir de la rébellion Séléka en mars 2013, renversée en janvier 2014, la Centrafrique vit une crise sans précédent. Les exactions des deux camps, anti-balaka et Séléka, contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. 09062014 Jeuneafrique
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