Suite aux déclarations polémiques du chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane (PJD, islamiste) sur la parité pourtant consacrée par la Constitution, des associations de défense des droits des femmes appellent à un rassemblement devant le siège du Parlement, à Rabat, ce mardi.
Dans un article consacré au chef du Parti de la justice et du développement (PJD), Jeune Afrique s'était déjà posé la question : Abdelilah Benkirane sait-il parler aux femmes ? L'actuel chef du gouvernement semble y avoir apporté une réponse dénuée d'ambigüité : c'est non.
Mardi 17 juin, lors de son intervention mensuelle à la chambre des conseillers, il a ainsi affirmé que "les femmes qui travaillent ne trouvent plus le temps pour se consacrer à leurs enfants et à leur famille" et qu’il faut "sacraliser les femmes au foyer au lieu de les voir d’une manière condescendante". Des attaques contre l'égalité des sexes et le travail des femmes (voir vidéo ci-dessous) qui ont suscité un tollé dans plusieurs associations.
Réunie le 20 juin au siège de la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes (FLDDH) à Casablanca, la Coalition civile pour l’application de l’article 19 de la Constitution (qui consacre la "parité" entre les sexes et stipule que "l'homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental"), a fermement condamné les propos de Benkirane, jugés "hostiles à l’égalité et aux droits humains des femmes".
Campagne "préméditée"
Dénonçant les "stéréotypes et clichés utilisés par le chef du gouvernement", la Coalition a appelé les partis politiques marocains à "réagir à cette attaque dangereuse qui vient à la suite d’une liste de déclarations de Benkirane allant dans le même sens" et à donner corps à cette protestation en manifestant devant le siège du Parlement à Rabat, mardi 24 Juin à 17h.
Dans un communiqué publié lundi, la Coalition ajoute qu'elle reproche au Premier ministre "l’absence de mesures de la part de son gouvernement pour mettre en place des infrastructures nécessaires de prise en charge des enfants (les crèches, les maisons des jeunes, et les centres de loisirs) et pour faire appliquer les lois concernant les droits sociaux des femmes, notamment l’application effective du code du travail".
Enfin, la Coalition déplore des événements selon elle "prémédités" et qui "surviennent dans le contexte d’une campagne électorale prématurée, de Abdelilah Benkirane et du PJD et son parti", lesquels "s’inspirent des modèles de certains pays du Moyen Orient et s’appuient sur la culture patriarcale masculine afin de faire des femmes marocaines les boucs émissaires de cette étape, et de camoufler le très maigre bilan de leur mandat, en matière économique, politique et sociale". 25062014 Jeuneafrique
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