Selon plusieurs sources concordantes, après la débâcle début novembre du Mouvement du 23-Mars (M23), rébellion qui contrôlait une partie du Nord-Kivu, notamment Kanyasheya I et II, deux commandants locaux des armées rwandaise et congolaise avaient convenu de laisser la colline controversée inoccupée.
Qui est rentré sur le territoire de l'autre ?
Mais sept mois plus tard, la tension est de nouveau montée d'un cran. Le 11 juin, des crépitements des armes automatiques se font entendre. Rapidement, Kigali donne sa version des faits : des soldats congolais ont traversé la frontière pour voler des vaches au Rwanda. "Il y a eu des échanges de tirs parce que les soldats congolais ne voulaient pas retourner en RDC", soutient Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères.
Quelques heures plus tard, Kinshasa parle à son tour. "Il s'agit d'une nouvelle provocation de l'armée rwandaise qui est rentrée sur le sol congolais", dénonce Lambert Mende, porte-parole du gouvernement. Un soldat congolais a été tué, puis quatre autres le lendemain. Une "exécution", selon des autorités congolaises qui disent désormais attendre que des "sanctions" soient prises à l'encontre du Rwanda dont les troupes sont accusées d'avoir "enlevé puis exécuté les cinq militaires de la RDC". Des accusations que Kigali rejette, soutenant de son côté que ces derniers sont tombés dans une "embuscade" sur le territoire rwandais.
Pour tirer les choses au clair, les deux parties saisissent le "Mécanisme conjoint de vérification élargi" (EJVM) qui réunit en son sein les experts militaires des États membres de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CIRGL), dont ceux du Rwanda et de la RDC. Ces derniers se penchent sur le dossier et tranchent sur le litige frontalier : les collines Kanyasheja I et II se trouvent bien sur le territoire congolais, indique un rapport confidentiel de l'EJVM qui a fuité dans la presse.
"Ce n'Ă©tait qu'un draft"
La position de l'EJVM est saluée par Kinshasa, conforté dans sa version des faits. Kigali, lui, boude. "Ce n'était qu'un draft qui ne sera intégré au rapport qu'une fois agréé par les chefs d'état-major" de la région, tente de minimiser Olivier Nduhundirehe, représentant adjoint du Rwanda à l'ONU, contacté par Jeune Afrique.
Dans un communiqué publié sur son site internet, l'armée rwandaise remet également en cause la méthodologie utilisée par les experts de la CIRGL. "Google Earth ne peut constituer une référence crédible pour les démarcations frontalières", dénonce-t-elle, réaffirmant que "la colline Kanyesheja II est sur le territoire rwandais".
En attendant, les deux armées ont été priées de ne pas occuper la colline de la discorde, et les autorités congolaises et rwandaises ont été encouragées à trouver une solution "à l'amiable". Y parviendront-elles ? "Avec la méfiance qui persiste entre Kinshasa et Kigali, cela relèverait bien d'un miracle", lâche un observateur onusien basé dans la région.
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Par Trésor Kibangula 28062014 Jeuneafrique
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