C'est l'histoire d'un héritage fabuleux, estimé à près de 100 millions d'euros, autour duquel des membres de la famille de l'ancien président ivoirien continuent de se déchirer. Quitte à contester les dispositions prises par le "Vieux".
Deux décennies se sont écoulées depuis la disparition de Félix Houphouët-Boigny, et son héritage, sans doute le plus formidable de ce dernier demi-siècle au sud du Sahara avec celui d'Omar Bongo Ondimba (lui aussi non encore soldé), alimente toujours les fantasmes et les polémiques.
Sur les sept enfants reconnus du "Vieux" (dont deux sont aujourd'hui décédés), six se sont satisfaits de leur part alors que l'une des trois filles, Hélène, continue de faire bande à part, n'hésitant pas à accuser sur son blog les présidents Bédié et Ouattara... de complicité d'escroquerie. Quant à Marie-Thérèse Houphouët-Boigny née Brou, 83 ans, la veuve du défunt, elle vient à nouveau de déposer plainte à Paris pour recel et détournement d'une succession dont elle estime avoir été indûment écartée dès les premiers jours.
Cette situation inextricable, qui a mobilisé depuis 1994 un bataillon d'avocats, de notaires, d'huissiers, de juristes et d'experts en tous genres, est due pour l'essentiel à l'absence de tout testament écrit de la part du défunt, qui n'a pas non plus laissé un inventaire de ses multiples biens.
Il ne reste d'Houphouët qu'un simple legs verbal, prononcé puis réitéré de son vivant devant témoins, certes reconnu par le droit traditionnel lié à la coutume en Côte d'Ivoire, mais inconnu dans les pays où les actifs concernés sont localisés et où ces références traditionnelles n'ont aucune force de loi. La porte était donc grande ouverte à un tsunami de contestations et de chicaneries juridiques.
Dans le cadre de ce legs verbal, Houphouët avait exprimé le voeu qu'une partie de sa fortune soit consacrée à la réalisation d'un serment fait au pape Jean-Paul II. En échange de la consécration et de l'acceptation à titre de don personnel de la célèbre basilique de Yamoussoukro, le Vatican avait en effet émis comme condition qu'un hôpital de proximité soit édifié dans le voisinage. Depuis, une fondation a été créée dans ce but, les fonds nécessaires ont été débloqués, et l'hôpital, baptisé du nom d'un médecin italien canonisé par Jean-Paul II, Joseph Moscati, a été construit - mais toujours pas équipé. Reste à attendre son inauguration pour que le "Vieux" puisse enfin reposer en paix... 02072014 Jeuneafrique
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