Un an après la destitution du président Mohamed Morsi, qui avait été suivie d'une violente répression, les partisans des Frères musulmans ont mené, jeudi, une "journée de colère".
La journée du jeudi 3 juillet avait tout d'un test pour les islamistes, et en particulier pour la confrérie de l'ex-président islamiste Mohamed Morsi, dont la capacité à mobiliser a été drastiquement réduite par la répression implacable menée par les autorités, sous la houlette de l'ex-chef de l'armée Abdel Fattah al-Sissi, fraîchement élu président.
Vieux de 86 ans, le mouvment des Frères musulmans, qui avait remporté toutes les élections depuis la révolte populaire de 2011, a récemment été déclaré "terroriste" et la quasi-totalité de sa direction, à l'instar de Mohamed Morsi, a été arrêtée et encourt désormais la peine de mort dans de multiples procès.
Son Guide suprême, Mohamed Badie, a ainsi déjà été condamné deux fois à la peine capitale.
Et en un an, plus de 1 400 manifestants pro-Morsi sont tombés sous les balles des forces de l'ordre et plus de 15 000 personnes ont été arrêtées, dont des centaines condamnées à mort à l'issue de procès expéditifs.
Un an après cette violente répression, l'opposition islamiste a donc voulu marquer l'anniversaire de ce qu'elle appelle un "coup d'État militaire". L'Alliance anti-coup d'État, coalition pro-Morsi chapeautée par les Frères musulmans, a alors convoqué dans un communiqué au ton virulent une "journée de la colère"
La réaction des autorités ne s'est pas fait attendre. Dès la publication de cet appel, cinq cadres de cette coalition, dont plusieurs chefs de petits partis islamistes soutenant Mohamed Morsi, ont été arrêtés.
Arrestations massives
Dès les premières heures de la journée jeudi, les policiers, massivement déployés, ont bouclé les principales places de la capitale, habituels lieux de rassemblement dans le pays, en proie depuis la révolte de 2011 à des crises à répétition et à des manifestations souvent violentes.
Ils ont dispersé plusieurs défilés au Caire, en particulier dans le quartier de Aïn Chams, où un journaliste de l'AFP a vu les forces de l'ordre tirer des grenades lacrymogènes et des chevrotines pour disperser quelques dizaines de manifestants qui brûlaient des pneus.
En outre, le ministère de l'Intérieur a annoncé que 157 personnes avaient été arrêtées, tandis que 39 militants islamistes recherchés par la police avaient été appréhendés.
Pour les défenseurs des droits de l'homme, la répression lancée il y a un an est la plus sanglante qu'ait connue le pays depuis des décennies.
D'abord uniquement dirigée contre les islamistes pro-Morsi, elle vise désormais aussi les militants laïques et progressistes qui étaient derrière l'armée il y a un an.
(Avec AFP) 05072014 Jeuneafrique
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