Trois ex-miliciens ayant témoigné lors du procès de Mathieu Ngudjolo Chui et Germain Katanga à la CPI en mars 2011 ont été expulsés des Pays-Pas vers la RDC, lundi. Craignant pour leur sécurité, ils avaient demandé l'asile.
Floribert Ndjabu, Pierre Célestin Mbodina et Manda Charif sont arrivés lundi 7 juillet vers 02h00 (01h00 GMT) à l'aéroport international de Ndjili à bord d'un vol spécialement affrété, après avoir été expulsés des Pays-Bas. Ils ont aussitôt été pris en charge par la police qui les a conduits à la prison militaire de Ndolo, dans la capitale congolaise.
Anciens miliciens, ils avaient témoigné devant la Cour pénale internationale (CPI) en mars 2011 dans le procès de deux chefs de milice congolais, Mathieu Ngudjolo Chui et Germain Katanga. Depuis, les trois hommes demandaient l'asile aux Pays-Bas, disant craindre pour leur vie après avoir incriminé le président congolais Joseph Kabila dans leur témoignage et refusaient dès lors d'être renvoyés dans leur prison à Kinshasa.
Au terme d'une longue procédure impliquant aussi bien la CPI que les autorités néerlandaises, le Conseil d'Etat néerlandais avait décidé le 27 juin que les trois témoins pouvaient être renvoyés en RDC.
Les juges avaient estimé que la RDC avait fourni suffisamment de garanties quant à leur sécurité, notamment qu'ils ne seraient pas condamnés à mort.
Plusieurs ONG avaient pourtant appelé le gouvernement néerlandais à ne pas les renvoyer en RDC. Les trois hommes se trouvaient dans un centre de détention néerlandais depuis le 4 juin après avoir résidé depuis mars 2011 au centre de détention de la CPI.
Le ministère néerlandais de la Justice a confirmé l'expulsion des trois Congolais ces derniers jours, sans en préciser la date. La CPI, elle, n'a pas souhaité réagir. "Nous sommes vraiment déçus", a déclaré Goran Sluiter, un des avocats des trois hommes.
"C'est décevant que le gouvernement néerlandais ait pris le risque d'être complice de possibles violations des droits de l'Homme", a affirmé Géraldine Mattioli-Zeltner, de l'ONG Human Rights Watch.
"Etre le pays hôte de la CPI et un fervent défenseur des droits de l'Homme demande de faire des efforts", a-t-elle ajouté.
Nicole Sprokel, d'Amnesty International, a pour sa part soutenu qu'il était de la responsabilité du gouvernement néerlandais de s'assurer que les engagements (de la RDC, ndlr) soient respectés.
Les autorités congolaises affirment que les trois hommes n'ont rien à craindre dans leur propre pays. 08072014 Jeuneafrique
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