Des négociations de paix entre le gouvernement malien et les groupes armés du nord du pays s'ouvrent ce mercredi à Alger. En guise de bonne volonté, les deux camps ont échangé mardi soir une quarantaine de prisonniers chacun.
Après des mois de blocage, le dialogue entre le gouvernement et les groupes armés maliens reprend mercredi 16 juillet à Alger. Dans un geste de bonne volonté avant ces négociations de paix, les deux camps ont procédé mardi soir à Bamako à un échange de 86 prisonniers, 45 militaires et policiers d'un côté et 41 combattants touaregs de l'autre.
Les négociations d'Alger sont les premières à rassembler l'ensemble des parties prenantes au conflit depuis celles qui avaient abouti à un accord intérimaire le 18 juin 2013 à Ouagadougou, au Burkina Faso, ayant ouvert la voie à la tenue d'élections présidentielle et législatives. Mais depuis l'élection du président Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2013, les pourparlers piétinent et les groupes armés continuent à mener régulièrement des actions meurtrières dans le nord du Mali.
Des négociations en trois phases
En mai, des hommes du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touarègue), du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA, au sein duquel sont recyclés d'ex-jihadistes) et du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), ont combattu l'armée malienne pendant plusieurs jours à Kidal, fief des Touaregs dans le nord-est du Mali. Au moins 50 soldats maliens ont perdu la vie dans ces affrontements.
Un cessez-le-feu obtenu par le chef de l'État mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l'Union africaine (UA), tient toujours, mais des affrontements ont lieu entre le MNLA et une branche du MAA. Le MNLA, le HCUA, deux branches du MAA et des milices d'autodéfense proches du pouvoir de Bamako seront représentés à Alger, où la délégation du gouvernement malien sera dirigée par le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop.
Les négociations vont se dérouler en "trois phases", selon l'ancien Premier ministre malien Modibo Keïta, représentant du chef de l'État pour le dialogue inclusif inter-malien : "valider une feuille de route des négociations", puis "négociations proprement dites (...) pour aller au fond des problèmes et obtenir un pré-accord" avant la signature d'un accord de paix définitif.
Affrontements inter-communautaires
Ces négociations seront accompagnées par un "collège de médiateurs" et un autre "de facilitateurs". Outre l'Algérie, l'Union africaine (UA), la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et des représentants de la Minusma (mission de l'ONU au Mali) feront partie des médiateurs, tandis que l'Union européenne (UE), la France, le Niger et le Nigeria seront parmi les facilitateurs.
Le Maroc qui, à la demande du président Keïta était entré dans la ronde des nombreuses médiations déjà en cours, ne sera pas représenté, mais le Premier ministre malien Moussa Mara lui a demandé "de continuer à jouer de son influence" en vue d'une solution. Moussa Mara a aussi déclaré qu'"un processus de paix nécessite des efforts" et "des compromis de part et d'autre", laissant présager des concessions du gouvernement qui a déjà tracé "la ligne rouge" à ne pas franchir : la remise en cause de l'intégrité territoriale du Mali et la laïcité de l'État.
Après des revendications indépendantistes, aujourd'hui officiellement abandonnées, certains des groupes rebelles réclament désormais une forme d'autonomie ou un statut particulier pour le Nord. Selon un expert de la Minusma, il faut faire vite, car "la situation se dégrade de plus en plus : à côté du différend gouvernement malien/groupes armés, des affrontements inter-communautaires sont en cours et c'est plus dangereux que tout le reste".
Le rôle de l'Algérie en question
Une partie de la presse et de l'opposition du Mali s'interroge cependant sur le choix de l'Algérie pour ces pourparlers de paix. "À chaque fois, on accourt vers elle et c'est le même résultat : aucun (...). L'Algérie est le pays qui a le plus été impliqué dans la résolution de la crise malienne et n'a jamais pu trouver de solution", écrit l'hebdomadaire Nouvelle Libération.
Les pourparlers débuteront le jour de la visite à Bamako du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour y signer un accord de défense avec le Mali après l'annonce par Paris de la fin de son opération Serval. Elle sera remplacée par "Barkhane", opération plus large et permanente de lutte contre le terrorisme au Sahel, qui mobilisera 3 000 militaires français.
Lundi, un légionnaire français a été tué et sept militaires blessés lors d'une "attaque suicide" dans la région de de Gao (nord). Il s'agit du neuvième soldat français tué au Mali depuis le lancement de l'opération française Serval en janvier 2013, mais du premier tué au cours d'une attaque suicide.
(Avec AFP) 16072014 Jeuneafrique
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