Quelques jours après l'attaque contre le camp militaire Tshatshi, le 22 juillet à Kinshasa, l'identité des assaillants et leurs motivations commencent à se préciser. Selon plusieurs sources diplomatiques et sécuritaires sur place, l'assaut avait un but bien précis…
Que s'est-il vraiment passé à Kinshasa, le 22 juillet dernier ? Ce jour-là , le camp militaire Tshatshi, quartier général de la Garde républicaine, a été à nouveau attaqué par "un groupe de malfrats", selon la version officielle. Mais qui sont-ils ? Les autorités congolaises refusent d'avancer des explications plus précises. Même Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement, réputé pour sa verve oratoire, botte en touche.
Une fois n'est pas coutume, c'est André Kimbuta qui, le premier, va prendre la parole. Quelques minutes seulement après le retour au calme, le gouverneur de Kinshasa pointe les "refoulés de Brazzaville". Ce qui n'est pas vraiment un hasard, si l'on croit une source diplomatique occidentale basée dans la capitale congolaise. "Depuis quelques semaines, Kinshasa avait des informations selon lesquelles les miliciens Enyele de Udjani Mangbama, refoulés de Brazzaville à la suite de l'opération Mbata ya bakolo (la gifle des aînés) s'apprêtaient à mener certaines actions subversives dans la capitale", confie-t-elle à Jeune Afrique. "D'autant que leur chef a été tué mi-mai à Brazzaville dans des circonstances encore non élucidées", ajoute-t-elle.
L'ombre de Udjani Mangbama
Début avril 2010, Udjani et ses hommes avaient déjà marché sur la ville de Mbandaka, dans la province de l'Équateur, dans l'ouest de la RDC. Moins d'une année plus tôt, encore, sa milice constituée des membres de l'ethnie Enyele et dénommée Mouvement pour la libération indépendante et alliés (MPIA) - avec son père comme chef spirituel -, s'était fait remarquée lors des combats interethniques meurtriers contre la communauté des Monzala Boba dans l'Équateur. Objet du litige : un différend sur le contrôle des étangs.
Finalement mis en déroute par l'armée, Udjani et une partie de ses hommes avaient réussi à se refugier à Brazzaville. D'autres insurgés, dont son père, avaient été arrêtés, transférés à Kinshasa, puis condamnés à des peines de prison.
Dimanche 20 juillet, les choses se précipitent. La Détection militaire des activités anti patrie (DEMIAP) arrête une quarantaine de personnes, proches de Udjani, à Kinshasa. Les suspects sont envoyés au camp militaire Tshatshi pour être interrogées. Parmi elles, une femme. Elle accepte de coopérer. Deux jours plus tard, elle sera tuée lors de l'attaque à la machette de la base militaire, qui a fait au moins sept morts parmi les assaillants. On en saura pas plus sur les intentions des Enyele. Pour le moment.
Kin-Brazza, la méfiance
Mais dans les officines politiques à Kinshasa, on n'hésite plus à accuser le voisin d'en-face. "Les autorités du Congo-Brazzaville ne jouent pas franc jeu avec nous, se plaint un proche de Joseph Kabila. Ils ont protégé pendant des années Udjani et ses hommes chez eux, comme elles le font avec le général Faustin Munene qui est recherché à Kinshasa."
Désormais, hors-caméra, la suspicion est au zénith entre Kin et Brazza, les deux capitales géographiquement les plus rapprochées du monde, sur fond des soupçons de déstabilisation mutuelle. Même si au sein de l'opposition en RDC, on ne croit pas à cette théorie, qu'elle qualifie de "mascarade". D'autant que plusieurs zones d'ombre demeurent autour de l'attaque du 22 juillet. "Comment peut-on attaquer si facilement et avec des machettes le camp militaire le plus sécurisé du pays ?" s'interroge un député national. 26072014 Jeuneafrique
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