L'aller-retour effectué par Alassane Ouattara à Dakar, le 5 novembre, a été perçu par le camp du président Laurent Gbagbo comme une tentative de déstabilisation de la Côte d'Ivoire avant le second tour de l'élection présidentielle. Entre Abidjan et Dakar, la crise est ouverte.
Alors que la campagne pour le deuxième tour de l'élection présidentielle en Côte d’Ivoire n’est pas encore lancée, le président Laurent Gbagbo (38,3 % des voix au premier tour) et l'opposant Alassane Dramane Ouattara (32,1 %) ont déjà entamé leur partie d'échec.
Premier mouvement sur l'échiquier : la visite éclair de Ouattara au Sénégal, jeudi 4 novembre, à l’invitation du président Abdoulaye Wade. Un voyage « très mal perçu » par Laurent Gbagbo qui a aussitôt rappelé son ambassadeur au Sénégal, Colette Gallié-Lambin, non sans avoir précédemment adressé une « lettre de protestation » à Moustapha Sene, l’ambassadeur du Sénégal à Abidjan.
Pour le camp Gbagbo, c’est un acte de « conspiration et d’ingérence » dans les affaires internes de la Côte d'Ivoire. « Le Président Wade peut avoir ses préférences. Mais nous ne pouvons pas concevoir qu’il affrète un avion spécial à Abidjan pour chercher M. Ouattara sans prévenir son homologue Laurent Gbagbo. Nous avons des informations pour dire qu’il s’agit d’une tentative de déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Les États ne traitent pas de cette façon », a réagi Alcide Djédjé, conseiller diplomatique à la Présidence ivoirienne, interrogé par jeuneafrique.com. La réponse de Dakar à l'accusation de « conspiration » n'a pas tardé. « C'est une accusation très grave dont nous prenons acte », a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement sénégalais, Moustapha Guirassy.
Bédié a décliné l'invitation
De sources politiques et diplomatiques concordantes, l’invitation du président sénégalais était adressée à Alassane Ouattara mais aussi à son « allié » au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l’ex Chef de l'État Henri Konan Bédié, arrivé troisième lors du scrutin (25,2 % des voix) et qui bénéficie désormais du rôle de « faiseur de roi ». Mais ce dernier a décliné l’offre sénégalaise et c'est un haut dirigeant du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Me Jeannot Ahoussou, qui a fait le déplacement à sa place.
La crise diplomatique entre Abidjan et Dakar met en lumière les relations délicates que Laurent Gbagbo et Abdoulaye Wade entretiennent depuis leur arrivée au pouvoir en 2000. Le premier a toujours suspecté le second de « soutenir » Alassane Ouattara. De fait, le Rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara et le Parti démocratique du Sénégal (PDS) d’Abdoulaye Wade sont tous deux membres de l’Internationale libérale.
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