Des contacts entre l'opposition djiboutienne et les autorités, encouragés par la France, ont eu lieu à Djibouti laissant espérer une reprise du dialogue, bloqué depuis les législatives controversées de février 2013, a-t-on appris vendredi à Paris de sources concordantes.
Ce timide espoir de détente a été atténué par l'annonce par l'ONG Reporters sans frontières (RSF) de l'arrestation d'un journaliste de la Voix de Djibouti, Ibrahim Waiss, qui couvrait une manifestation de l'opposition dans la banlieue de Djibouti.
Selon une source diplomatique, des contacts officieux ont eu lieu en juillet entre le président Omar Ghelleh et le président de l'Union pour le salut national (USN) Ismaël Guedi Hared.
L'USN, une coalition de sept partis d'opposition, s'est constituée avant les élections de 2013. Elle s'était vu attribuer dix sièges sur les 65 du Parlement, un chiffre qu'elle conteste, les résultats définitifs du scrutin n'ayant jamais été publiés.
"La France encourage la reprise du dialogue politique entre le gouvernement de la République de Djibouti et l'opposition rassemblée dans l'Union pour le salut national", a déclaré vendredi le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay Vincent Floreani.
"Ce dialogue ouvre des perspectives positives en matière de démocratie et d'exercice des libertés fondamentales à travers un véritable statut de l'opposition", a-t-il ajouté.
Les discussions en juillet ont porté également sur la réforme de la commission électorale.
Le représentant de l'USN en France, Maki Houmed-Gaba, a confirmé à l'AFP que des "contacts officieux" avaient eu lieu entre des membres du gouvernement et le président de l'USN. Il a dit espérer une reprise du dialogue "officiel" tout en exprimant ses craintes sur une possible "stratégie" du chef de l'Etat djiboutien pour calmer l'opposition avant un important voyage à l'étranger.
Omar Guelleh, allié des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, vient d'assister à Washington au sommet Etats-Unis/Afrique. L'armée américaine dispose d'une base militaire à Djibouti d'où elle lance ses attaques contre les islamistes d'Al-Qaïda au Yémen et des shebab en Somalie.
En dépit de ses craintes, l'opposition espère que le dialogue pourra reprendre au retour de M. Guelleh à Djibouti, à la fin du mois d'août. Des tentatives de reprise des discussions avaient eu lieu en août 2013 mais avaient rapidement tourné court.
L'histoire de Djibouti est émaillée d'arrestations d'opposants qui contestent le régime autoritaire du président Guelleh.
Selon RSF, Mohamed Ibrahim Waiss, reporter à La Voix de Djibouti, a été arrêté vendredi à Balbala Hayabley, banlieue de la capitale djiboutienne.
"Le journaliste a été violemment interpellé par la police. Il a été conduit au commissariat de Hodan où il est actuellement détenu", affirme RSF qui demande sa libération immédiate.
"Mohamed Ibrahim Waiss a passé plus de quatre mois à la prison centrale de Gabode en 2011, et encore plusieurs jours en décembre 2013. Les autorités de Djibouti doivent cesser de museler les médias et d?arrêter arbitrairement les journalistes critiques", ajoute l'ONG.
Djibouti occupe la 169e place sur 180 pays dans l?édition 2014 du Classement de la liberté de l'information, établi par RSF. 09082014 Jeuneafrique
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