Tchad : quand la ruée vers l'or provoque des conflits intercommunautaires
le 16/08/2014 12:35:36
Tchad

Un affrontement entre orpailleurs de retour du Niger a provoqué de fortes tensions entre Zagawas et Toubous dans le Tibesti, à l’extrême nord du Tchad. Retour sur cette ruée vers l’or.

Pick-up 4x4, téléphones satellitaires, armes automatiques… Les images de l’arrestation de plus de cinq cents orpailleurs clandestins à la frontière entre le Tchad et le Niger, le 11 août, font penser à celles de terroristes. Seule différence : les nombreux des détecteurs de métaux. Mercredi en fin de matinée, après qu’ils ont été présentés au chef de l’État, Idriss Déby par la gendarmerie qui a procédé à leurs auditions, les Tchadiens interpellés - ils sont plus de 300 - ont été mis aux arrêts et conduits à la prison de Koro-Toro, en plein désert à plus de 400 km au nord de N’Djaména.

Les chefs d’accusations qui les visent sont graves : détentions illégales d’armes, utilisations d’engins interdits, pratique clandestin d’orpaillage. "Les 179 Soudanais eux seront reconduits chez eux pour y répondre de leurs actes, indique la présidence. Deux jours avant, des orpailleurs majoritairement Zagawa (l’ethnie du président), renvoyés du Niger où ils travaillaient illégalement, en route vers le Tchad, ont été attaqués par un groupe armé.

Un hold-up qui n’a pas réussi et s'est suivi d’une expédition punitive meurtrière chez les autochtones toubous qui occupent un vaste territoire qui s’étend de l’extrême nord tchadien au nord Niger. On a dénombré plusieurs dizaines de morts dans les deux camps.

Anciens militaires désoeuvrés

Tension entre les deux groupes que les autorités ont vite cherché à désamorcer pour préserver le calme relatif dans cette partie du Sahara. Le chef de l’État et plusieurs ministres sont sur place depuis mercredi, multipliant les rencontres avec les notables locaux pour résoudre le différend. Mercredi après-midi, le ministre de l’intérieur, Abdérahim Brémé Hamid, s’est rendu en hélicoptère de Faya à Bardaï pour discuter avec certains responsables de la communauté toubous.

Cette ruée vers l’or est le fait d'anciens militaires désœuvrés pour la plupart. Elle a commencé il y a plus d’une année, quand la rumeur a circulé selon laquelle on trouvait de l’or à fleur de sol dans les montagnes du Tibesti. C’est par dizaines que des personnes ont accourus provoquant une situation d’insécurité qui a emmené le gouvernement à faire respecter manu militari l'interdiction de cette activité.

C’est toujours par le bouche à oreille que les orpailleurs ont appris qu’il était possible de poursuivre leur activité plus à l’Ouest. C’est ainsi que les détecteurs de métaux, les couchages, les armes et vivres ont été embarqués en direction du Niger où l’orpaillage a continué jusqu’à son interdiction récente par les autorités nigériennes.
16082014
Jeuneafrique

Format imprimable Envoyer cet article ŕ un ami Créer un fichier PDF ŕ partir de cet article
Les commentaires appartiennent Ă  leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.