À deux ans de l'élection présidentielle, la guerre des mots est déclarée entre le président gabonais Ali Bongo Ondimba et celui qui se voit déjà comme son principal adversaire, Jean Ping.
"S'unir et se débarrasser d'Ali !" : tel est l'objectif affiché par Jean Ping, qui a rassemblé fin juillet une quinzaine de leaders politiques pour créer le "Front de l'opposition pour l'alternance démocratique" (Fopa). Parmi ses nouveaux alliés de l'opposition, beaucoup d'anciens caciques du régime d'Omar Bongo Ondimba ayant tourné casaque lors de la présidentielle de 2009 qui a vu Ali Bongo Ondimba succéder à son père. En quelques mois, l'ancien président de l'Organisation de pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ex-dirigeant de l'Union africaine est devenu un opposant virulent, multipliant les déclarations fracassantes envers le chef de l'État, qui n'hésite plus à riposter. Petit florilège des dernières escarmouches.
Le Gabon est dirigé par un "autocrate", accuse Ping.
"Avec 1,5 million d'habitants et toutes les ressources que nous avons, comment ne peut-on pas subvenir aux besoins élémentaires de la population ? Comment se fait-il que les gens fouillent dans les poubelles pour manger, et ne vont pas à l'école ?", lance l'opposant dans un récent entretien à l'AFP.
Pour Ali Bongo, Jean Ping est "sans emploi" ni "projet politique".
En marge de la fête de l'Indépendance, le 17 août, le chef de l'État a assuré qu'il n'avait "pas de problème" avec Jean Ping, contrairement à ce dernier qui en a un avec lui. "Je constate simplement qu'il s'est joint à la cohorte d'un certain nombre de leaders politiques qui n'ont, vis-à -vis de ma personne et du parti que je représente, que de la haine", a déclaré Ali Bongo. "Jean Ping se trouvant sans emploi, n'a rien trouvé de mieux que de vouloir mon emploi, c'est la blague qui circule dans le milieu des chefs d'État" africains, a-t-il plaisanté. Il a également critiqué l'opposant sur son "absence de projet politique".
Ping ironise : "Ali Bongo est mon meilleur directeur de campagne"
Ali Bongo "semble me prendre comme son principal challenger", a ironisé Jean Ping, qui n'a pas encore annoncé publiquement sa candidature à la présidentielle. Selon lui, en essayant de le décrédibiliser, le chef de l'État gabonais est son "meilleur directeur de campagne".
Ali Bongo assure avoir suggéré le nom de Ping à son père en 1984.
Ali Bongo a affirmé avoir lui-même suggéré le nom de Jean Ping à son père en 1984, lorsque celui-ci cherchait un nouveau directeur de cabinet. Par la suite, Ping fut aussi le compagnon de Pascaline Bongo, fille d'Omar et soeur aînée d'Ali, puissante argentière de la famille dont il est aujourd'hui séparé.
Ping accuse le Ali Bongo Ondimba d'être entouré d'une "légion étrangère".
Pour rallier l'opinion, Jean Ping joue aujourd'hui la carte sensible - et démagogique selon certains - de la lutte contre le trop grand nombre supposé d'étrangers dans le pays. Il accuse ainsi le président d'être entouré d'une "légion étrangère", allusion directe à son influent directeur de cabinet d'origine béninoise, Maixent Accrombessi. "C'est lui qui dirige véritablement le Gabon", assène Ping, en se défendant de toute "xénophobie". D'après lui, "nous ne pouvons pas être gouvernés par des gens mafieux et apatrides, qui pillent l'argent de l'État et l'investissent ailleurs".
Pour Ali Bongo, Jean Ping emploie la même rhétorique que le Front national français.
Le 17 août, le président Ali Bongo a contre-attaqué en dénonçant en retour une rhétorique digne du Front National, le parti d'extrême droite français. Ceux qui tiennent de tels discours "devront en porter la responsabilité", met-il-en garde, se posant en garant "de la paix, de l'unité nationale et du vivre-ensemble". 23082014 Jeuneafrique
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